CfP/CfA Veranstaltungen

Squelettes, ectoplasmes et fantômes dans la bande dessinée

Beginn
18.11.2020
Ende
20.11.2020
Deadline Abstract
12.06.2020

Rencontres d’Angoulême. Comprendre et penser la bande dessinée.

Appel à communications

Squelettes, ectoplasmes et fantômes

Angoulême – CIBDI - 

Les 18, 19 et 20 novembre 2020

   

Que devient le corps après la mort, une fois décharné ? Cette question a hanté toutes les civilisations. Depuis l’origine de l’humanité de multiples rites funéraires sont attestés. Des sociétés n’ont pas voulu laisser les dépouilles mortelles se dégrader, aussi elles ont choisi de les conserver, adoptant la momification ou même la taxidermie, comme au XIXe siècle qui semble affectionner les corps empaillés. Les momies les plus célèbres sont celles venant d’Égypte et d’Amérique Latine. Rascar Capac est devenue une icône dès son apparition dans un album en 1948 ; celle d’Adèle Blanc-Sec s’est à son tour imposée auprès d’un large public en 1978, lorsque quittant sa vitrine elle reprend vie, mais ici, c’est l’enveloppe charnelle réduite après la mort à sa plus simple expression, qui retient l’attention, autrement dit le squelette, considéré comme la charpente de l’anatomie humaine. Le nombre d’os qui le constitue n’est pas toujours le même en fonction des individus. Mais une fois la chair disparue, on en dénombre usuellement 206.

Les squelettes, réalités tangibles, font partie des imaginaires sociaux façonnés aussi bien par les danses macabres du Moyen-Âge que les Calaveras au XIXe siècle. José Guadelupe Posada a donné aux squelettes une autre dimension, les rapprochant du monde des vivants. Ils ne sont plus inertes, mais dotés d’une énergie qui leur permet de vivre une seconde existence. Posada, dessinateur de presse a donné une impulsion décisive en attribuant aux corps décharnés les attributs, les gestes et les émotions des êtres vivants. S’il fourbit ses premières armes en 1871 dans le journal El Jicote, la figure la figure de Calavera Catrina, baptisée dans un premier temps, la Calavera Garbancera, a fini par faire le tour du monde. Au XXe siècle, peinte par Diego Rivera, elle est représentée à côté de Frida Khalo. Les squelettes boivent, dansent, illustrent le temps qui passe. Ils peuvent se jouer de la guitare, monter à cheval, être bouillis dans un chaudron géant, perdre leur intégrité et voir leurs os dispersés. La bande dessinée n’a pas ignoré les squelettes. Les explorations dans les catacombes, les aventures de pirates, les expéditions archéologiques font une place aux crânes ou à une partie du squelette.

Dans l’univers de la bande dessinée le squelette le plus célèbre est probablement une illusion. Il est rendu visible momentanément, par surprise. Dans Objectif Lune, les rayons X fouillent l’intérieur du corps, révèle la structure osseuse du corps des Dupondt. Mais il existe toutes sortes d’autres squelettes, pour les bandes dessinées destinées spécifiquement aux enfants comme celles dévolues au public adulte. Ils sont au fond de l’eau, attachés à un fauteuil d’avion, animés et se déplaçant à vélo, entassés dans des réduits. Leur présence interroge sur les représentations d’une société. David B. a placé un groupe de squelettes sur la couverture du Roi Rose, tout en les « distribuant » dans de nombres planches de son œuvre. Dans le célèbre manga One Piece, le Horo Horo no Mi est le fruit de l’ectoplasme, il possède la particularité de créer des fantômes ou de donner à son propre corps une forme astrale.

Les ectoplasmes, moins nombreux que les squelettes à prendre place dans les cases, sont une autre manifestation du corps-mort qui peut reposer dans un cercueil ou être enfoui dans un passé révolu. La série Aspic s’ouvre par un premier album intitulé La Naine aux ectoplasmes mêlant complot, ésotérisme et enlèvement d’une médium. Tout récemment, l’auteure de Carnets de thèse a publié un récit dont l’héroïne, centenaire, parvient à convaincre des ectoplasmes qu’elle peut diffuser le virus de l’imbécibilité.

Quant aux fantômes, ils parcourent les planches depuis longtemps. Spectres, revenants et autres esprits peuvent être observés sur une couverture des aventures de Johan et Pirlouit comme dans les pages d’un album contant les aventures de Lucky Luke. En 2016, un fantôme aux allures de squelette s’affiche en compagnie de deux jeunes filles, mais il est possible d’évoquer les absents ou de donner de la constance à des fantasmes comme dans Le Cercle des Spectres. Mais ces derniers peuvent être partout : à Rome (Alix senator), à Inverloch (Valérian et Lauréline), dans un village sioux (Esprit du vent), à Paris dans le quartier de la Bastille (La Rose écarlate), dans les ombres du château de Canterville. Jadis les lecteurs de Pif Gadget pouvaient suivre les aventures d’Arthur le fantôme crée par Jean Cézard, aujourd’hui ils peuvent découvrir les Histoires de fantômes du Japon dues à Benjamin Lacombe. Certains sont inscrits dans un contexte historique comme les fantômes de Ermo pendant la Guerre civile espagnole.

Il arrive aussi que des squelettes ou des fantômes ne le soient pas vraiment. Ils n’appartiennent pas au monde des trépassés mais endossent leurs manières de faire et profitent de la peur générée. Le Fantôme du Bengale ou le Fantôme de l’Opéra appartiennent à cette catégorie singulière.

Pour les Rencontres d’Angoulême, il conviendra de se demander tout d’abord, tant les auteurs semblent s’évertuer à les ranger dans une catégorie, si les squelettes animés, les ectoplasmes et les fantômes sont plutôt des personnages sympathiques ou au contraire inquiétants, menaçants ?

Il faudra aussi s’interroger sur les circonstances. Comment apparaissent-ils ? Disparaissent-ils ? De quelle manière ? Quelles sont leurs apparences physiques ? Délivrent-ils un message ?

Et enfin, il importera de se demander ce que signifie leur présence, quels sont les secrets qu’ils incarnent et qui ne sont pas formulés. Se préoccupent-ils des vivants ? Comment s’effectue le dialogue d’un monde à l’autre ? Quelles sortes d’êtres sont-ils ? Jadis Jean-Claude Schmitt s’était intéressé aux revenants à l’époque médiévale (1994), en se demandant de quelles façons les vivants ont voulu se souvenir de leurs morts afin de les évoquer mais aussi de les oublier ? Squelettes, ectoplasmes s’immiscent-ils dans les rêves, restent-ils cantonnés dans un univers inaccessible, s’invitent-ils dans les maisonnées, dans l’espace public ?

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Colloque organisé par la MSHS de Poitiers, avec la collaboration de la CIBDI, de Magellis, de l’EESI, du CRIHAM, du FORELLIS et du Réseau de Recherche Régionale en Nouvelle Aquitaine sur la bande dessinée.

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Les propositions de communications (1000-1500 signes) et une courte notice bio-biblio (300-500 signes) sont à adresser, avant le 12 juin, à Frédéric Chauvaud frederic.chauvaud@univ-poitiers.fr et à Denis Mellier denis.mellier@univ-poitiers.fr

Le retour des expertises aura lieu le 26 juin.

Les organisateurs prennent en charge les nuitées, les repas, les frais d’inscription et la publication des actes sous la forme d’un véritable livre.

Quelle der Beschreibung: Information des Anbieters

Forschungsgebiete

Comic, Stoffe, Motive, Thematologie

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Université de Poitiers
Datum der Veröffentlichung: 17.04.2020
Letzte Änderung: 17.04.2020