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Au-delà des mots : la représentation littéraire de la communication non-verbale

Abstract submission deadline
15.12.2020

ATELIER 12

Au-delà des mots : la représentation littéraire de la communication non-verbale

Par quels moyens le langage verbal communique-t-il ce qui s’exprime non pas par les mots, mais par la musique, le geste ou l’image ? Ces moyens de communication constituent des langages au même titre que le langage verbal dans le sens où, à en croire le linguiste Joseph Vendryes, il y a autant de types de langages qu’il y a de sens (la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher, le goût), car les êtres humains peuvent communiquer non seulement avec des mots, mais aussi avec des signes visuels, auditifs, ou gestuels, par exemple. Ainsi nous proposons-nous d’étudier la représentation des signes non-verbaux par le langage dans les oeuvres littéraires. Si, par exemple, on évoque un langage non-verbal par une description, sur quoi porte cette description ? Sur le langage non-verbal lui-même ? Sur la relation entre le langage et le locuteur ? Ou encore sur l’effet du signe non-verbal sur les destinataires ?

En remarquant le pouvoir expressif des langages non-verbaux, les écrivains signalent aussi les limites des mots à exprimer ce qu’il y a de plus intime, de plus subtil, ou encore de plus extrême dans l’expérience humaine. À travers les genres et au cours des siècles, ceux et celles qui écrivent font appel au potentiel expressif des langages non-verbaux pour représenter ce qui semble échapper au système linguistique. Dans son autobiographie, par exemple, Patrick Dupond, ancien danseur de l’Opéra de Paris, décrit la danse comme « un corps qui s’exprime avec autre chose que des mots […] — du mouvement, de la parole sans texte » (137). Pour la danseuse Marie-Claude Piétragalla, l’expression corporelle est une forme de communication plus sincère que les mots (195), parce que c’est un « langage généreux et universel, compréhensible par tout le monde » (199). Elle suggère ainsi que les gestes stylisés en danse peuvent toucher le spectateur plus profondément que ne le peuvent les mots, parce que la signification du geste dansé, par contraste avec le langage verbal, ne repose pas sur la relation conventionnelle qui lie un signifiant à son signifié, mais plutôt sur l’émotion que le geste suscite chez le destinataire. Dans Tous les matins du monde de Pascal Quignard, la musique est présentée comme un autre système de communication dont le pouvoir d’expression dépasse celui du système linguistique, permettant ainsi de rendre compte des intuitions et des sentiments auxquels on ne peut accéder qu’en cherchant au-delà du langage verbal : « La musique est simplement là pour parler de ce dont la parole ne peut parler. En ce sens, elle n’est pas tout à fait humaine » (113). On retrouve l’idée que les langages non-verbaux ouvrent des voies de communication entre l’humain et « l’autre-qu’humain » dans la perspective autochtone. Chez les poètes innues Natasha Kanapé Fontaine et Joséphine Bacon, la forme poétique tient lieu des rythmes vitaux du tambour, de la marche et du souffle, qui constituent la base d'une forme de communication non-verbale permettant aux humains et au territoire de renouveler leur dialogue ancestral. Chez Kanapé Fontaine, le territoire constitue un « fossile de nos paroles » (18). Quant à Bacon, elle explique que le titre de son recueil de poèmes Bâtons à message / Tshissinuatshitakana, fait référence à un moyen de communication non-verbale pratiqué par ses ancêtres, et qu’elle entend le reprendre dans sa poésie, puisque « [l]a poésie nous permet de faire revivre la langue du nutshimit, notre terre, et à travers les mots, le son du tambour continue de résonner » (7-8). En effet, les langages non-verbaux résonnent partout et toujours dans la littérature, laissant apercevoir à la fois le potentiel et les limites des mots à capter ce qui existe au-delà, voire en-deçà, du système linguistique.

Cet atelier cherche à élucider des formes, des genres, des figures de style ou encore des stratégies rhétoriques et discursives qui s’avèrent particulièrement adaptés à rendre compte des spécificités de la communication non-verbale. On encourage la réflexion sur le rôle de la représentation des langages non-verbaux dans l’économie d’une oeuvre littéraire. Nous invitons les propositions portant sur tout genre ou toute époque littéraire, et adoptant différentes approches théoriques, ainsi que les perspectives interdisciplinaires faisant intervenir des domaines tels que la linguistique, la philosophie de l’art ou l’anthropologie culturelle.

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Responsable de l’atelier : 

Megan Wightman, Université McMaster, wightmmb@mcmaster.ca 

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Les propositions (250-300 mots) sont à envoyer au plus tard le 15 décembre 2020 à la responsable de l’atelier. 

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message de la responsable de l’atelier avant le 15 janvier 2021 les informant de sa décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer à cet atelier. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2021 pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence et l’adhésion est le 9 avril 2021. Passé cette date, le titre de votre communication sera retiré du programme de l’APFUCC. Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque de 2021. Toutes les communications doivent être présentées en français (la langue officielle de l’APFUCC).

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Bibliographie sélective

Bacon, Joséphine. Bâtons à message / Tshissinuatshitakana. Montréal : Mémoire d’encrier, 2009.

Dupond, Patrick. Étoile. Paris : Fayard, 2000.

Kanapé Fontaine, Natasha. Bleuets et abricots. Montréal : Mémoire d’encrier, 2016.

Piétragalla, Marie-Claude et Dominique Simonnet. La femme qui danse. Paris : Seuil, 2007.

Quignard, Pascal. Tous les matins du monde. Paris : Gallimard, 1993.

Vendryes, Joseph. Le langage. Introduction linguistique à l’histoire. Paris : A. Michel, 1968.

Source of description: Information from the provider

Fields of research

Literature and cultural studies
Nonverbale Kommunikation ; Repräsentation ; Das Literarische

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University of Alberta
Date of publication: 05.10.2020
Last edited: 05.10.2020