Création littéraire ou artistique et réseaux de solidarité (revue Continents Manuscrits)
Continents Manuscrits
Revue en ligne de Génétique littéraire – Afrique, Caraïbe, diaspora
Appel à contributions pour le numéro 22 (mars 2024)
sur le thème :
Création littéraire ou artistique et réseaux de solidarité
Sauf pour les anonymes, les œuvres littéraires ou artistiques sont associées à un nom d'auteur ou d'artiste dont le statut est source, sinon de gloire, du moins de reconnaissance, dont la moindre n'est pas celle accordant des « droits d'auteur » ou « copyright » – intellectuels et/ou commerciaux sur l’œuvre produite. Mais si la vaste majorité des œuvres connues – parce que mentionnées dans les médias ou dans des catalogues, manuels, dictionnaires, encyclopédies, « canons » divers, ou désormais sur des myriades de sites internet – sont ainsi liées au nom d'un individu, cela ne veut pas dire que leur création, parution, diffusion ou consécration soit le résultat des seuls efforts de leur signataire reconnu.
La plupart des œuvres bénéficient, à des degrés divers, de l'implication soit d'une autre personne particulière – anonyme ou remerciée dans une dédicace (comme celle de Batouala à l'ami de René Maran que fut Manoël Gahisto), voire auteur d’une préface ou d’un texte d’accompagnement) – soit d'un réseau de personnes, constitué ou non. Car il peut s'agir des membres d'une famille, d'une fratrie, d'un club, d'une association, d'un parti, d'une maison d'édition, d'une académie, d'un comité de revue, etc., – ou d'un groupe politique ou social underground (un mouvement interdit, une communauté honnie à un titre ou un autre).
De tels liens peuvent avoir été reconnus, parfois de longue date, soit par l'auteur, soit par la critique, mais beaucoup sont découverts du fait d'un héritage, au hasard de la découverte de correspondances et de manuscrits dans quelque cave ou grenier, ou de recherches faites dans des archives, expressément liées ou non au créateur concerné.
La critique génétique s'intéressant par définition aux documents non publiés mais ayant joué un rôle dans le processus de création des œuvres, son travail systématique de dépistage puis de fouille dans les archives aboutit souvent à de telles découvertes qui font évidemment tout le sel de la recherche car, même si elles n'entraînent pas nécessairement une remise en question radicale des réceptions convenues de telle ou telle œuvre, elles permettent au moins d'apporter des précisions sur une genèse, de proposer des retouches au portrait établi d'un créateur ou de corriger telle représentation du fonctionnement d'un réseau particulier.
Bien des études produites au sein de diverses équipes de l'ITEM ont déjà porté – au moins partiellement – sur des réseaux de solidarité, comme par exemple celles réunies par Guy Dugas dans le dossier « Vie et mort des revues en période coloniale et postcoloniale », où il est question de la revue Présence Africaine (basée à Paris), de Forge et de Terrasses (deux revues littéraires dans l’Algérie coloniale), et des « Négociations postcoloniales dans les périodiques parisiens relatifs à l’Afrique (1947-2012) ». Autre exemple : dans le groupe Aragon de l'ITEM, tout un axe est consacré au thème « Les Lettres françaises sous la direction d’Aragon (1953-1972) : étude transversale, élément génétique ».
Les revues sont des formes majeures et particulières de réseau mais d'autres, moins structurés ou formels, ou moins évidents, ont pu jouer des rôles déterminants dans la création littéraire. Celui du groupe des Surréalistes, par exemple, pour revenir à la carrière d'Aragon. Or – comme les chapitres des manuels de littérature pour les lycéens de France, consacrés depuis des décennies à l'histoire des relations entre Aragon, ce groupe, et son « pape », André Breton, suffisent à le rappeler – il convient de moduler fortement la notion de « solidarité » des réseaux, surtout dans le temps : que l'on songe aux relations de Breton, d'Aragon et des Surréalistes avec cet autre (méga...) réseau que fut le Parti Communiste en France.
Bref, dans le dossier proposé ici, il s'agit de mettre en lumière, à partir de lectures génétiques (de manuscrits, de correspondances, d'archives...) comment les relations entre tel auteur/artiste et tel « réseau de solidarité » ont influencé la production d'une œuvre (ou d'une manifestation artistique, comme une lecture, une performance théâtrale, une exposition...).
Quelques pistes de recherche :
- la « phratrie » au Maghreb (Dib et les communistes ; le rôle de la revue « officielle » Novembre)
- Sénac et la beat generation aux USA
- Les textes français de Kerouac et la beat generation aux USA
- X et la Harlem Renaissance (Quel type de réseau ? Quelle solidarité, notamment, entre les personnalités homosexuelles ou lesbiennes de ce mouvement afro-américain ?...)
- Le milieu de la NRF, Pontigny et les auteurs de la colonie (Gide, Martin du Gard et Pierre Do-dinh)
- Le Studio d'essai de Pierre Schaeffer, la SORAFOM et les émissions culturelles des radios francophones en Afrique
- Moune de Rivel, chanteuse de biguine guadeloupéenne et interprète du Chant de l'Indépendance de la Haute Volta : par/pour quel réseau ?
- René Maran et les émissions de la Radiodiffusion d'Outremer, basée à Paris
- Littératures francophones et « hommes de réseaux » (Jean Paulhan, Armand Guibert, Pierre-Louis Flouquet et La revue des poètes, ...)
- Le Festival panafricain d’Alger (1969), le Festival de l'art nègre de Dakar (1966) et d'autres manifestations culturelles en Afrique au temps des « indépendances » : quel rôle pour les « réseaux » ?
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Calendrier :
Les propositions, comprenant un titre, un résumé de la proposition et une brève notice bio-bibliographique, seront envoyées à charles.scheel@univ-antilles.fr et à kkrienke@gmail.com en indiquant dans le sujet : « Continents manuscrits - Réseaux », avant le 15 mars 2023.
Les articles devront être remis en octobre 2023 et la publication sera en ligne le 15 mars 2024.
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