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Le sublime et les expériences esthétiques (The Sublime and Aesthetic Experiences) – SublimAE

SublimAE (« Le sublime et les expériences esthétiques ») est un projet de recherche interdisciplinaire, qui réunit des philosophes, des psychologues, des chercheurs en sciences sociales et des artistes, et dont l’objectif est le développement d’une nouvelle théorie cognitive de l’expérience du sublime et d’une construction émotionnelle apparentée, que l’anglais rend par « awe » et qui implique une forme de crainte mêlée à l’admiration et au respect. Le projet devrait clarifier les relations entre la catégorie du sublime, les expériences esthétiques et la conscience de soi, en intégrant étroitement l’analyse philosophique et l’expérimentation psychologique.

Le concept de sublime a des origines anciennes, mais il réapparaît au 18ème siècle comme une catégorie centrale de l’expérience esthétique, que les philosophes opposent à l’expérience de la beauté. Alors que la seconde expérience est globalement positive et procure du plaisir, la première se caractérise par des sentiments mêlés. D’une part, le sublime implique une grandeur ou une puissance écrasante, qui nous trouble et nous déstabilise. D’autre part, le sublime lance un défi à l’intellect, ce qui nous réjouit et nous élève. L’expérience globale du sublime est souvent associée au sentiment de l’insignifiance de la vie humaine, de notre petitesse au regard de l’immensité à laquelle nous sommes confrontés.

Notre hypothèse philosophique principale, que nous élaborerons en fonction de sa testabilité, est que le sublime donne lieu à une expérience esthétique qui, contrairement au beau, implique un sentiment diminué de soi. Nous nous proposons de clarifier cette hypothèse en introduisant une notion d’immersion expérientielle que nous considérons comme spécifique à l’expérience du sublime. Le sublime nous dérange à un point que la frontière entre nous-mêmes et le monde s’estompe. L’expérience du sublime est immersive au sens où le soi tend à s’effacer du champ d’expérience du sujet, alors que l’attention de celui-ci est entièrement absorbée par les entités ou scènes sublimes. Puisqu’il est par ailleurs connu que la conscience de soi implique plusieurs niveaux de représentation, dont le soi minimal et le soi narratif constituent deux espèces notables, un pan important de notre enquête sera de déterminer quel niveau est impliqué de manière prépondérante et de quelle façon. Nous pourrons ainsi différencier l’expérience du sublime d’autres expériences immersives ou impliquant une dissolution du soi, comme par exemple le « sentiment océanique ».

SublimAE s’articule sur trois lignes d’enquête, qui ont chacune une dimension théorique et une dimension expérimentale. Premièrement, nous allons créer de nouveaux matériaux expérimentaux, à commencer par ce qui a été défini comme l’un des déclencheurs centraux de l’expérience du sublime, à savoir l’immensité. Le défi central, ici, consiste à dépasser les approches expérimentales classiques sur le sublime, qui se sont souvent appuyées sur des présentations visuelles appauvries, et à introduire la réalité virtuelle et la musique comme deux sources de stimuli sublimes plus réalistes. Deuxièmement, nous allons utiliser les stimuli (visuels et/ou auditifs) ainsi créés pour identifier des différences pertinentes entre les expériences du sublime et d’autres expériences esthétiques, par exemple liées au joli ou à la beauté terrible. Enfin, nous comptons tester l’impact de l’expérience du sublime sur la conscience de soi et évaluer l’hypothèse selon laquelle cette expérience implique un sens de soi diminué, à l’aide de tâches d’incarnation, d’agentivité et d’épisodicité.


SublimAE (“Sublime and Aesthetic Experiences”) is an interdisciplinary research project, involving philosophers, psychologists, social scientists and artists, and aiming at the development of a new cognitive account of experiences of the sublime and its close emotional relative, namely awe. The project should throw light on the relationship between the category of the sublime, aesthetic experiences, and self-awareness, by tightly integrating philosophical analysis and empirical hypothesizing and testing.

The notion of the sublime has roots in ancient rhetoric, but it emerges in the 18th century as a central category of aesthetic experience, typically contrasted with the aesthetic experience of the beautiful. While the latter experience is mainly positive and pleasurable, the former experience is characterised by ambivalent feelings. On the one hand, the sublime involves an overwhelming vastness, or power, which disturbs and unsettles. On the other hand, the sublime poses a challenge, which is enlightening and elating. The overall experience of the sublime is also frequently associated with the feeling of the insignificance of human life, of our smallness compared to the grandeur we are confronted with.

Our main philosophical hypothesis, which we construe as testable, is that the sublime gives rise to an aesthetic experience that, contrary to the experience of the beautiful, involves a diminished sense of the self. We intend to clarify this hypothesis by putting forward a notion of experiential immersion that we think is specific to sublimity experiences. The sublime overwhelms us in a way which blurs the boundary between oneself and the world. Sublimity experiences are immersive in the sense that the self tends to disappear from the subject’s experiential field while her attention is fully captured by the sublime entities or scenes. Since self-awareness is known to involve several levels of representation, the minimal self and the narrative self being two prominent examples, a crucial part of our enquiry will be to determine which levels are involved and in what ways. This will allow us to differentiate sublimity experiences from other experiences involving immersion or “ego-dissolution”, such as the oceanic feeling.

SublimAE pursues three main lines of investigations, which all have both theoretical and empirical dimensions. First, we will create new experimental materials, starting from what has been defined as a core elicitor of sublimity experiences, namely vastness. The main challenge here is to go beyond classical experimental approaches to the sublime, which have often relied on impoverished visual materials, and introduce VR and music as two sources of more realistic sublime stimuli. Second, we will use the created (visual and/or auditory) stimuli to capture relevant differences between sublimity experiences and other, opposed or similar aesthetic experiences, such as prettiness or terrible beauty. Finally, we will test the impact of the experience of the sublime on self-awareness, and assess the hypothesis that this experience involves a diminished sense of the self, using embodiment, agentivity and episodicity tasks.

Quelle der Beschreibung: Information des Anbieters

Forschungsgebiete

Empirische Ästhetik
Das Erhabene

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Jérôme Dokic

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Institut Jean-Nicod
Datum der Veröffentlichung: 13.05.2019
Letzte Änderung: 13.05.2019