CfP/CfA Publikationen

Les représentations médiatiques du littéraire (revue Sēmēion Med)

Deadline Abstract
30.12.2020

Appel à contribution pour le numéro 6 (juillet 2021) de la Revue Sēmēion Med

Les représentations médiatiques du littéraire

 

À un moment de l’Histoire où l’on parle de « crise de la représentation »[1], comment est vue la littérature ? L’émergence et le développement de la civilisation de l’image, qui datent de plus d’un demi siècle et demi déjà, mettent en cause jusqu’à sa valeur formatrice fondamentale, fruit de la volonté de l’homme d’appréhender le monde au moyen des formes discursives. La photographie, le cinéma, la télévision et, plus proche de nous, la toile cybernétique, l’ont successivement concurrencé et ont imposé de nouveaux dispositifs représentatifs. Que peut la littérature devant l’excès de technicité qui compresse symptomatiquement l’espace, qui sature notre inconscient par le déferlement d’images et qui nous arrache de la durée pour nous maintenir de plus en plus dans l’instantané événementiel ? L’urgence est de même une exigence qui la malmène en l’obligeant à se plier à des impératifs d’édition, de diffusion et d’attractivité qui ne manquent pas d’impacter son processus de création. La littérature a été amenée non seulement à réinventer le métier d’écrivain, mais elle prête désormais allégeance à un public réfractaire, certainement plus pressé et moins disposé à endurer l’épreuve du temps et de l’effort de la lecture.

L’on pourrait se demander ici si l’existence de la littérature se borne aujourd’hui, non à créer du sens, mais à survivre anachroniquement pour le bon plaisir d’une communauté de passionnés, et qu’elle serait par là même condamnée à évoluer à l’ombre de la superpuissance de l’image. Il est évident qu’elle n’est pas en mesure de restituer la grande « poussée du réel »[2] présentes dans les médias modernes, imbattables désormais dans la mise en scène aussi bien de la beauté que de l’horreur ; tellement le cru et le vif y sont mis en avant. La littérature doit-elle signifier dans l’urgence, c’est-à-dire en court-circuitant cette nécessité de nous fier à l’ordre symbolique que le signe linguistique construit dans sa représentation de la réalité ?

Certes, entre deux positions extrêmes où l’une serait désavouée et l’autre hégémonique, il y a bien des possibilités de rencontres et d’interférences des codes et des finalités puisque littérature et médias demeurent des supports de l’expression humaine et s’adonnent à une sorte de braconnage pour un besoin d’épanouissement, si ce n’est pour la survie. La littérature, en tout cas, a été la première à s’y engager en reconfigurant ses procédés, copiés sur ces mêmes médias qui menacent sa longévité. L’on sait à quel point l’adoption de la photographie a participé, cher Proust, à la mémorisation visuelle d’une société et d’une époque, et comment elle a permis à une Annie Ernaux, grâce aux effets de distanciation, de renouveler le genre autobiographique. L’on sait aussi comment l’œil de la caméra a recadré de manière inédite la narration dans les romans d’Alain Robbe-Grillet et Nathalie Sarraute.

Dans un élan contraire, mais tout aussi conversationnel, le cinéma d’adaptation a beaucoup emprunté à la littérature, ces textes d’abord, mais également ses procédés. Il l’a ensuite dépossédé de plusieurs de ses fonctions, notamment sociale où elle a permis d’ériger les personnages du grand écran en modèles à suivre. Les médias numériques font plus : non seulement ils dématérialisent le support du livre en le reconfigurant avec des liens hypertextuels et d’animation, mais ils donnent lieu à une hyper créativité proactive et parfois déréglée. Les pratiques d’écriture s’y trouvent profondément altérées et les représentations de l’auteur et du lecteur également.

Avec ces changements de modes de représentation et de signification, il est clair que nous sommes en face de phénomènes d’hybridation bien installés. La notion d'intermédialité, forgée par Jurgen Ernst Müller, trouve ici raison d’être citée. Elle permet à juste titre de considérer dans la production de sens l'ensemble des interactions médiatiques qu’il s’agisse « des supports, des modes de transmission, des apprentissages de codes, des leçons de choses »[3].

Cet appel à contribution discute donc de la place du littéraire dans son rapport aux médias modernes. A titre illustratif, et non exhaustif, nous proposons les pistes de réflexion suivantes :

  • La littérature numérique : quels effets sur le lecteur et la lecture accompagnent le passage du livre littéraire au livre médiatique ? quels nouveaux langages et manières de signifier et de représenter ? Voit-on apparaître de nouveaux genres littéraires, des modes d'écriture spécifiques ?
  • La fonction critique : quel discours tient la littérature sur elle-même et sur les médias ? Comment les médias construisent leurs discours sur la littérature ?
  • L’édition numérique : quel statut pour l’œuvre et pour l'auteur dans les nouveaux modes de diffusion et de production du livre ? Que devient l’acte créatif lui-même ?
  • L’intermédialité : quelles formes d’interférences s’instaurent-elles entre le littéraire et le médiatique : adaptation, emprunt, plagiat, interaction, collage… ?
  • Les représentations sociales : quelle place pour la littérature dans le contexte social et culturel ?           
  • Les légendes urbaines et les réseaux sociaux : évolution et tendances contrastées entre mythes, cultures populaires et infox (ou fake news).

*

Toutes les propositions de contribution qui explorent cette thématique sont les bienvenues. Elles doivent être reçues au plus tard le 30 décembre 2020(Titre, résumé et mots-clés en français et en anglais d’une dizaine de lignes, accompagnés d’une brève notice bibliographique).

Adresses électroniques :

romliabdellah@hotmail.com;

abdellah.romli@uit.ac.ma

chadli_elmostafa@yahoo.fr

*

Revue scientifique électronique hébergée sur le site de l’IMIST – CNRST (Maroc).

 

[1] Robert Abirached  (2005)

[2] Daniel Bougnoux (2019), La Crise de la représentation, La Découverte, « Poche/Sciences humaines et sociales », p. 20.

[3]Éric Méchouan (2003), « Intermédialités : Le temps des illusions perdues », dans Intermédialités, n° 1, p. 10.

Quelle der Beschreibung: Information des Anbieters

Forschungsgebiete

Literatur und Medienwissenschaften, Intermedialität

Links

Ansprechpartner

Datum der Veröffentlichung: 06.07.2020
Letzte Änderung: 06.07.2020