CfP/CfA Veranstaltungen

Les iconothèques d’écrivain·e·s contemporain·e·s (1980-aujourd’hui)

Beginn
07.04.2022
Ende
08.04.2022
Deadline Abstract
01.05.2021

Les iconothèques d’écrivain·e·s contemporain·e·s (1980-aujourd’hui)

Colloque organisé par Anne Reverseau (FNRS / UCLouvain), Corentin Lahouste (UCLouvain) & Bertrand Gervais (UQAM), dans le cadre du programme de recherche HANDLING (ERC)

7 & 8 avril 2022 — Montréal

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L’histoire littéraire s’est construite pendant longtemps autour du texte et du livre ; en ce sens, les bibliothèques des écrivain·e·s sont reconnues en tant qu’environnements intimement liés à la création littéraire et ont été étudiées à ce titre dans le courant des dernières années [1]. Pourtant, bon nombre d’auteurs et d’autrices s’entourent tout aussi volontiers d’images de natures diverses, qu’ils amassent, classent ou affichent selon des dispositifs variables. Calqué sur celui de « bibliothèque », « iconothèque » est un terme contemporain, utilisé en archives, qui recoupe des réalités diverses et qui ont existé historiquement : le magasin d’images du XIXe siècle, mais aussi la collection, le stock, et plus récemment le répertoire ou la base de données. Sous ces dénominations pointe une continuité dans les usages des images par les écrivain·e·s jusqu’à aujourd’hui. La notion d’iconothèque permet d’aborder ces pratiques et ces gestes iconographiques, dans le cadre plus large des recherches, en plein essor, sur l’histoire matérielle de la littérature et sur les pratiques culturelles des écrivain·e·s [2], comme sur le montage et l’agencement d’images [3].

Le XXe siècle a été, avec la montée des avant-gardes, une période particulièrement propice à la prolifération d’ensembles iconographiques, petits musées ou archives personnels, faits d’œuvres originales, mais surtout d’images reproduites. Bon nombre d’auteur·e·s ont en effet collectionné et collectionnent des reproductions d’œuvres d’art, mais aussi des photographies découpées dans la presse, des cartes postales, des vignettes de cinéma ou des prospectus publicitaires. De façon explicite ou non, ces iconothèques ont nourri les imaginaires des écrivain·e·s, que ces collections d’images relèvent de l’autel privé, au sein duquel les images sont rassemblées, voire sacralisées, pour un usage individuel, ou de la banque d’images, servant de point de départ à leurs diverses circulations. Offertes, échangées, conservées, détournées, ces images constituent en tant qu’objets matériels le pivot des sociabilités littéraires. Selon leur mode de présentation, elles participent également de la construction de postures des auteurs et autrices, qui se mettent volontiers en scène en compagnie d’images dont ils et elles sont entré·e·s en possession. Le XXIe siècle, quant à lui, a vu, dès ses prémisses, l’avènement des images numériques, la production et la circulation toujours plus effrénée d’images dématérialisées (ou soi disant dématérialisées). Ce passage dans l’ère numérique a-t-il fondamentalement changé le rapport des écrivain·e·s aux images ou lui a-t-il donné une autre dimension ? Comment les modalités évoquées pour le XXe siècle se retrouvent-elles (ou non) à l’époque contemporaine ? Vers quelles formes ont-elles évolué, voire quelles pratiques les ont supplantées ?

À la suite d’une première journée organisée par Jessica Desclaux et François-René Martin sur les iconothèques d’artistes, écrivains et historiens de l’art du XIXème siècle et d’une deuxième manifestation organisée par Marcela Scibiorska et Anne Reverseau autour des iconothèques d’écrivain·e·s du XXème siècle, cette rencontre aura pour objectif d’interroger, en lien avec les contextes historique, social et culturel, la notion d’iconothèque d’écrivain·e à l’époque contemporaine (2000-2020), dans la sphère francophone. Il s’agira de penser ces iconothèques sur le mode des bibliothèques, en tant qu’espaces de création littéraire, refuges, musées ou encore lieux symboliques. L’objectif principal sera de confronter la dimension concrète de l’iconothèque, qu’elle soit d’ordre matériel ou, plus récemment, numérique, à sa dimension imaginaire. 

Trois axes principaux peuvent dès lors se dégager :

• Le premier axe examinera les iconothèques du point de vue du geste de collecte, visant à décrire les façons dont la vie de tel·le ou tel·le écrivain·e s’organise autour des images. Quels modes de collectes innovants (notamment numériques) sont mis sur pied ? Quelles pratiques de stockage et d’exposition dans ces iconothèques ? Comment les auteurs et autrices présentent-ils ou non leurs collections d’images ? Quel rôle l’espace physique et la matérialité de l’image jouent-ils dans le quotidien d’un·e écrivain·e du XXIème siècle ? 

• Le deuxième axe portera sur les divers usages de ces iconothèques. À l’ère d’un intérêt accru pour les pratiques intermédiales et interartiales, quel est le rôle des iconothèques dans la création littéraire ? Autrement dit, l’essor des créations intermédiales dans les dernières décennies reflète-t-il un usage plus fréquent des iconothèques par les écrivain·e·s ? Par ailleurs, comment aborder la frontière entre le geste de l’écriture et celui de la manipulation des images ? L’œuvre fait-elle explicitement référence ou non aux images qui ont servi à son élaboration ? Quels sont les modes de dissémination de leur contenu, au-delà du texte littéraire (via, par exemple, le geste de performance ou d’exposition) ? 

• Un troisième volet, qui soulèvera des questions plus larges sur la place et l’impact des iconothèques sur l’écosystème littéraire contemporain, concernera la spécificité de l’ancrage numérique d’un tel dispositif, dans une culture de l’écran qui est le propre de l’époque contemporaine (Gervais). En lien avec la démultiplication de pratiques littéraires hétérogènes, empruntant de multiples formes et supports, comment le concept d’iconothèque se voit-il déployé au XXIesiècle, dans un monde d’écrans et de réseaux ? Quels rôles et fonctions peut-il prendre au sein du « vaste écosystème médiatique » (Ruffel) que représente l’expérience littéraire contemporaine et comment peut-il, par ailleurs, venir inscrire le fait littéraire dans un continuum d’agirs créatifs multimodaux au sein duquel la forme-livre n’est plus prédominante ?

Les propositions de communication (environ 300 mots, avec bio-bibliographie) sont à envoyer avant le 20 mars 2021 à l’adresse des organisateurs-trices de la rencontre : anne.reverseau@uclouvain.be, corentin.lahouste@uclouvain.be & gervais.bertrand@uqam.ca. Les réponses seront données pour le 1er mai 2021, après examen et sélection des propositions par le comité scientifique. Le colloque aura lieu à Montréal, au Canada (l’hébergement pour les chercheur·e·s non québécois·e·s sera pris en charge).

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Comité scientifique 

Bertrand Gervais (UQAM)

Corentin Lahouste (UCLouvain / HANDLING)

Vincent Lavoie (UQAM)

Servanne Monjour (Sorbonne Université)

Anne Reverseau (FNRS-UCLouvain / HANDLING)

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Ces journées font suite à celles organisées en France par Jessica Desclaux et François-René Martin et en Belgique par Anne Reverseau et Marcela Scibiorska, qui portaient sur des périodes antérieures. Ces trois journées d’études donneront lieu à une publication dans une monographie illustrée sur les iconothèques d’écrivain·e·s, à paraître en 2023. Ces rencontres sont organisées dans le cadre du programme de recherche HANDLING financé par l’ERC (European Research Council, grant agreement n°804259), avec l’aide de l’Institut INCAL de l’UCLouvain, et en partenariat avec le centre de recherches FIGURA (Québec) et la Chaire de recherche du Canada sur les arts et les littératures numériques (ALN/NT2). Pour en savoir plus sur le programme HANDLING : https://sites.uclouvain.be/handling.

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[1] Par exemple BELIN Olivier, MARY Anne & MAYAUX Catherine (dir.), Bibliothèques d'écrivains : lecture et création, histoire et transmission.Turin: Rosenberg & Sellier, « Biblioteca di Studi Francesi », 2018 ; PEYRE Yves, « L’écrivain et sa bibliothèque », dans Bulletin des bibliothèques de France, t. 47, n°6, 2002 (12-20) ; BOUILLER Jean-Roch, GAMBONI Dario & LEVAILLANT Françoise (dir.), Les Bibliothèques d’artistes (XX-XXIe siècles). Paris: PUPS, 2010. 

[2] Par exemple MARTENS David & WATTHEE-DELMOTTE Myriam (dir.), L’écrivain, un objet culturel. Dijon: Éditions universitaires de Dijon, coll. « Ecritures », 2012 ; REVERSEAU Anne et COHEN Nadja, Petit Musée d’histoire littéraire. Bruxelles: Les Impressions Nouvelles, 2015.

[3] Par exemple Les Carnets du BAL, n°1 (« L’image-document, entre réalité et fiction », 2012), n°2 (« L’image déjà là. Usages de l’objet trouvé, photographique et cinématographique », 2012), n°4 (« Que peut une image », 2014), n°5 (« La persistance des images », 2014) ; BEYER Andreas, MENGONI Angela, & VON SCHÖNING Antonia (dir.), Montage d’images et production de sens. Paris: Éditions de la Maison des sciences de l’homme/Centre allemand d’histoire de l’art, 2015.

Quelle der Beschreibung: Information des Anbieters

Forschungsgebiete

Literatur und Visual Studies/Bildwissenschaften, Literatur des 20. Jahrhunderts, Literatur des 21. Jahrhunderts
Ikonothek

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Université du Québec à Montréal (UQUAM) / University of Quebec at Montréal
Datum der Veröffentlichung: 18.01.2021
Letzte Änderung: 18.01.2021