CfP/CfA Veranstaltungen

Décentrer Molière / Decentering Molière

Beginn
14.04.2022
Ende
16.04.2022
Deadline Abstract
01.02.2021

Décentrer Molière

(English version below)

14-16 avril 2022 

Yale University – New York University

 

Les dernières décennies ont profondément transformé l’étude de Molière : abandonnant les figures du saltimbanque mélancolique, du malade chronique ou de l’auteur romantique qui imprègnent encore l’imaginaire collectif, les recherches sur le comédien-auteur font désormais la part belle à ses collaborations, ses influences et ses sources, à la sociologie et aux conditions matérielles de son théâtre, ainsi qu’aux approches interdisciplinaires. Ce renouvellement tend cependant à maintenir Molière au centre de la réflexion : il demeure le point de fuite à partir duquel s’organisent la pensée, les optiques interprétatives et les récits historiques.

Ne pourrait-on pas changer de point de vue, voire d’échelle ? Quelle histoire raconterait-on si l’on adoptait la perspective de ses contemporain·e·s, libraires-éditeurs (notamment Ribou), auteurs·trices (Desjardins, Somaize, Donneau…), artistes (Beauchamp, Charpentier, Chauveau…) ou gazetiers (Subligny, Robinet…) ? Quelles nouvelles pistes se dessinent lorsque, au lieu de présupposer le génie de Molière ou de présumer son succès, on le considère comme un acteur parmi d’autres dans le champ littéraire des années 1660 ? Qu’observe-t-on en élargissant le cadrage, en privilégiant des questions transversales (paramètres économiques, enjeux religieux, propagande et historiographie, écriture du lointain et goût des voyages, jeu et scénographie, etc.) ou en abordant ses pièces à partir d’autres champs d’études (musicologie, histoire de l’art, histoire du livre, arts du spectacle, etc.) ? 

Les 400 ans du comédien-auteur sont l’occasion de reconfigurer ce « moment Molière » par un geste à la fois historiographique et méthodologique : mettre au premier plan les auteurs·trices, corpus, pratiques, usages et approches souvent tenus en marge de la discussion critique ou limités à des rôles ancillaires. Au lieu de réfléchir à partir de Molière et de son œuvre, nous invitons ainsi des communications qui s’appuient sur d’autres auteurs·trices, d’autres genres, d’autres arts, d’autres lieux ou d’autres champs d’études. Très concrètement, il ne s’agit pas seulement d’enrichir l’étude du Bourgeois gentilhomme par l’histoire du ballet, mais bien de partir de l’histoire du ballet pour réinscrire Le Bourgeois gentilhomme dans une pratique et des usages plus larges ; d’étudier les raisons pour lesquelles Chauveau a illustré les œuvres de Molière et de cerner la place qu’occupent ces gravures dans la production de l’artiste ; d’observer comment les gazettes traitent de théâtre, de littérature et de musique en général afin de relire le discours qu’elles tiennent sur Molière ; de repenser la première scène de La Comtesse d’Escarbagnas à l’aune des discours contemporains sur le contrôle de l’information ; de comprendre que le Récit de la farce des Précieuses ou l’édition du Cocu imaginaire ne sont pas de simples transcriptions des pièces, mais des opérations éditoriales complexes qui dépassent de loin la seule question de Molière.

En décentrant Molière, ce colloque espère ainsi présenter des éclairages inédits sur la production culturelle du XVIIesiècle, réévaluer le sens et la hiérarchisation de nos objets d’études, voire déconstruire certains mythes et questionner l’évidence de certains récits établis. Moins qu’un nouveau débat sur la légitimité du canon, il s’agit de visibiliser une histoire plurielle, soucieuse des multiplicités et consciente de ses points aveugles. Le colloque sera également l’occasion de mettre en scène, en voix ou en espace, dans leur totalité ou partiellement, des pièces issues de cette période et rarement montées aujourd’hui. 

Dans cette perspective, nous invitons des communications qui proposent de nouvelles manières d’aborder Molière, son théâtre et son activité en adoptant un ou plusieurs des angles suivants&nbs

  • auteurs·trices, acteurs·trices, danseurs·euses, artistes, libraires… contemporain·e·s de Molière ;
  • pratiques et enjeux de la première modernité (fêtes de cour, historiographie, usages publicitaires, querelle des femmes, réseaux d’échanges et de voyages, techniques de scène…) ;
  • genres non dramatiques (romans, nouvelles, poésie, mémoires, récits de voyage, illustration, musique, danse…) ;
  • aires géographiques et culturelles autres que la France ;
  • méthodologies émergentes (études sur le handicap, sur le marketing, sur la culture visuelle, sur le son…) et/ou concepts théoriques historiquement fondés ;
  • construction du statut exemplaire de Molière dans la critique et dans la mise en scène ; effets de champs que cette centralité produit sur les études dix-septiémistes et, plus largement, littéraires et théâtrales ;
  • propositions pratiques : atelier, lecture, intervention-spectacle, mise en scène…

Les langues du colloque sont le français et l’anglais.

Les propositions de communication (300 mots accompagnés d’une brève présentation de l’auteur·trice) devront être envoyées avant le 1er février 2021 aux trois adresses suivantes :

christophe.schuwey@yale.edu

guyot@fas.harvard.edu

benoit.bolduc@nyu.edu

 

En fonction de leurs approches et de leurs objets d’études, les chercheurs et chercheuses intéressé·e·s sont invité·e·s à considérer également le colloque « Retours sur Molière » qui se tiendra en janvier 2022 à la Sorbonne et à la Comédie-Française, ainsi que les autres manifestations annoncées sur le site Molière 2022 (http://moliere2022.org/).

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Decentering Molière

(Version française ci-dessus)

April 14-16, 2022

Yale University – New York University

 

The last few decades have profoundly altered Molière: scholars gradually laid aside the familiar figures of the melancholic saltimbanque, the chronically sick jester, and the romantic author forever stoking the collective imagination. Instead, recent studies of the author and actor begin with his collaborations, his sources, and his influences, drawing our attention to the social and material conditions of Molière’s practice, and from interdisciplinary perspectives. And yet, this shift keeps Molière at the center: he remains the vanishing point around which critical and historical analysis is constructed.

Can we find a more radical shift in our point of view? Recalibrate our scale? What histories might we tell if we were to adopt the perspective not of Molière, but of his contemporaries—of publishers (Ribou, for example), authors (Desjardins, Somaize, Donneau…), choreographers, composers, and visual artists (Beauchamp, Charpentier, Chauveau…), or gazetteers (Subligny, Robinet…)? What paths might we open if we think of Molière not as a genius, from the perspective of an established legacy, but as one of many social actors in the literary field of the 1660s? What might we discover, or discern more clearly, if we focus on cross-disciplinary historical practices (economic issues, religious matters, propaganda, historiography, culture of travels, stage design…), and/or structure our own histories according to multiple fields of study (musicology, art history, history of the book, performance studies…)?

The four-hundredth anniversary of Molière’s birth provides a stage to rethink the Molière moment on both historiographical and methodological levels. In particular, we hope to shift our attention to those authors, writings, practices, and styles commonly confined to the margins of critical discussion. Thus, instead of taking Molière as our starting point, we invite proposals focused on other (less studied) writers, other genres (beyond drama), other arts (beyond belles lettres), other places (beyond the theater), and other fields (beyond literary and drama studies). Rather than inserting the history of ballet into a study of Le Bourgeois gentilhomme, for example, we might begin with the history of ballet in order to inscribe Le Bourgeois gentilhomme into a larger history of theatrical and social practice; we might consider Chauveau’s investment in illustrating Molière’s plays from within the history of engraving and in terms of Chauveau’s own oeuvre; we might study contemporary gazetteers’ attitudes toward literature, theater, and music generally, in order to rethink journalistic attitudes toward Molière; we might rethink the first scene of La Comtesse d’Escarbagnas in terms of contemporary discourses on the control of information; or we might work to think the Récit de la farce des Précieuses or the printed edition of Le Cocu imaginaire not as simple transcriptions of dramatic texts, but as complicated editorial processes that extend far beyond Molière himself.

By decentering Molière, this conference aims to shed unexpected light on the cultural production of the seventeenth century. We hope to challenge the hierarchization of our objects of study, deconstruct some well-established myths, and question the necessity of certain historiographical narratives. Our hope is not to stage another debate concerning the legitimacy of the canon, but rather to render visible a more complicated history, ever attentive to diversity (both within the seventeenth century and within our own moment) and to our own inevitable blind spots. Also with this aim, we very much intend the conference to furnish a space for the staging of rarely performed seventeenth-century texts, whether read or performed, as fragments or in their entirety.

Proposals might adopt one (or several) of the following perspectives or methodologies:

  • Authors, performers, composers, printers, booksellers… of the time of Molière;
  • The practices and stakes of early modernity (royal festivities, historiography, publicity, la querelle des femmes, exchange and travel networks, stage technologies…);
  • Non-dramatic genres (novels, stories, poetry, memoirs, travelogues, illustrations, music, dance…);
  • Geographic and cultural contexts outside of France;
  • New scholarly methodologies (disability studies, marketing studies, visual culture, sound studies…), and/or theoretical concepts based in historical research;
  • The construction of Molière as a point of reference within both criticism and theatrical practice, and the effects of Molière’s centrality in the study of French seventeenth century, and more broadly, on literary and theater studies, in France and beyond;
  • And for practitioners: workshops, lectures, performance-lectures, or performances adopting one or several of the above perspectives.

The languages of the conference will be French and English.

 

Proposals—300 words, accompanied by a brief biographical note—should be sent 

before February 1, 2021 to:

christophe.schuwey@yale.edu

guyot@fas.harvard.edu

benoit.bolduc@nyu.edu

 

Interested scholars are also invited to apply to the conference “Retours sur Molière,” which will take place in January of 2022 at the Sorbonne and the Comédie-Française; other events, too, can be found listed on the official page of Molière 2022 (http://moliere2022.org/).

Quelle der Beschreibung: Information des Anbieters

Forschungsgebiete

Französische Literatur
Molière

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Einrichtungen

Yale University
New York University (NYU)
Datum der Veröffentlichung: 06.07.2020
Letzte Änderung: 06.07.2020