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Le primitivisme dans les avant-gardes littéraires (Paris : 1898-1924)

Beginning of funding
01.01.2018
End of funding
31.12.2021

« Le primitivisme est une invention de la modernité, en même temps que lui-même invente la modernité » (Henri Meschonnic). Ce projet vise à clarifier la notion de « primitivisme » en littérature moderne, à partir d’un moment charnière, celui des avant-gardes à Paris au début du XXe siècle. Plusieurs écrivains d’envergure (G. Apollinaire, B. Cendrars, J. Cocteau, M. Jacob, P. Reverdy), qui fondent le corpus de ce projet, en lien ou en rivalité avec de grands mouvements artistiques (symbolisme, cubisme, Dada, surréalisme), se réfèrent à ce moment-là à une telle notion ou à ses principes, sans que la critique ait pour l’instant suffisamment accordé d’attention à cette question pourtant centrale. Y a-t-il un primitivisme en littérature, et si oui, de quelle façon devient-il spécifique ? Si les historiens de l’art ou les musicologues ont traité de cette notion, son emploi se révèle peu fréquent en littérature, souvent flottant, insuffisamment rattaché aux questions esthétiques et contextuelles. Par-delà l’idée d’un « cubisme littéraire » (à juste titre contestée), ces auteurs mettent pourtant en place des pratiques et des réflexions approfondies, souvent convergentes, qui donnent un relief singulier à cette notion et à ses implications narratives ou poétiques. Dans Une Saison en enfer, Rimbaud écrivait : « J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ». Qu’il soit une « attitude productive d’art » (Robert Goldwater) ou une articulation du « lointain » et de l’« originaire » (Philippe Sabot), le « primitivisme » offre un décentrement des normes artistiques et un renouvellement instantané des valeurs esthétiques. C’est pourquoi il n’est jamais éloigné d’un discours sur l’énergie créatrice (comme chez Henri Bergson). Des formes de « primitivisme » peuvent être repérées à diverses époques, dans de nombreux mouvements littéraires modernes ou post-modernes, en amont et en aval de la période sur laquelle se centre ce projet ; comme l’a montré Isabelle Krzywkowski. Mais que ce soit par l’attrait des arts tribaux, des productions africaines et océaniennes, ou encore par l’art médiéval, l’art populaire, les formes folkloriques, les créations d’enfants ou de « fous », le « primitivisme » ne cesse d’innerver les discours de poétique et de légitimation des avant-gardes au début du XXe siècle. Il est le « décentrement » par excellence de la modernité, nécessaire pour la renouveler et lui donner une expansion internationale, voire mondiale . Si Paris maintient pendant ces années-là son rôle de capitale culturelle cosmopolite, intense lieu d’échanges des idées avant-gardistes, comment se construit concrètement un tel renouvellement ? En quoi le primitivisme est-il éloigné des littératures exotiques, régionales qui paraissent au même moment en France ? Comment fédère-t-il cette période des avant-gardes littéraires ?

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Fields of research

French literature, Literature of the 20th century, Literature of the 21st century
Primitivismus

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Antonio Rodriguez

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Université de Lausanne (UNIL) / Universität Lausanne
Faculté des lettres

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Section de français: Littérature comparée, Faculté des lettres, Université de Lausanne
Date of publication: 24.05.2019
Last edited: 24.05.2019