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L'élégiaque (revue Romantisme)

Abstract submission deadline
15.12.2020

Appel à contributions

« L’élégiaque »

Dossier de la revue Romantisme (2022-2)

sous la responsabilité d'Aurélie Foglia et Pierre Loubier

 

Nous proposons d’explorer, dans ce numéro de Romantisme, l’élégiaque plutôt que l’élégie. La nuance mérite qu’on s’y arrête : on trouve, entre tragique et tragédie, épique et épopée, le même type de différences opératoires. Ce glissement lexical, du nom commun à l’adjectif substantivé, nous permet en effet de déplacer le champ : ce qui nous retiendra, ce ne sera pas tant l’élégie comme sous-genre lyrique (le sujet serait trop restreint, trop spécialisé) que l’élégie comme catégorie anthropologique, ou culturelle, fondée sur la Plainte. L’homme du XIXe siècle est-il élégiaque ? Cette modalité élégiaque, qui reste à creuser, se situe entre ethos et esthétique. De là, comment l’élégiaque entre-t-il en tension avec d’autres modalités ou registres de visions du monde ? Qu’elles soient graves, positivistes, ironiques, parodiques, impassibles, impersonnelles, anti-lyriques, blagueuses…

Formes élégiaques

L’élégiaque peut être abordé dans une perspective diachronique. La question de la périodisation se pose, qu’elle vienne en amont du siècle, pendant le siècle, fin de siècle. L’élégiaque est-il réservé aux romantiques ? On propose d’en étudier les origines, les sources, les mutations, les reniements, les modes, les inflexions : par exemple, la violence de la réaction anti-élégiaque, ou encore l’introduction de l’ironie dans l’élégie. Pourquoi tant de goguenardise, voire de haine, à l’égard des élégiaques ? Y a-t-il un élégiaque symboliste, fin de siècle ? (Henry Bataille évoque « la douleur moderne »).

Il convient sans doute de revenir aux formes élégiaques : sources antiques et classiques, modes d’énonciation, hybridations génériques, qui peuvent contaminer des sous-genres voisins : héroïde, romance, ballade, chanson, complainte, etc. En quoi ressortissent-elles d’un mode mineur, qui choisit ouvertement la minoration, sur tous les plans ? Ou bien peut-on distinguer une « grande élégie » et une élégie mineure ? On se propose d’interroger la langue élégiaque, de pointer ses stylèmes en analysant la voix, le chant, le cri, sachant que l’élégiaque peut toucher au vers ou se manifester dans la prose.

En outre, si l’élégiaque s’élabore au fil d’un héritage pluriel dans le temps et se rit des frontières, son histoire mouvementée relève aussi des circulations élégiaques en Europe, par le biais de la traduction. On pourra pointer notamment les influences allemandes et anglaises en particulier.

On envisagera enfin les intermédialités élégiaques, d’un genre à l’autre : comment l’élégiaque passe-t-il à la scène (Chatterton selon G. Planche, est une élégie), ou encore comment les thématiques, les trames et les visions romanesques s’arrangent-elles de l’élégiaque (Balzac, Flaubert) ; et d’un art à l’autre : y a-t-il une peinture élégiaque ? Une sculpture élégiaque ? Une photographie élégiaque ? (Laforgue), des paysages élégiaques ? L’élégiaque aura aussi partie liée avec la musique, le chant, la chanson, y compris dans ses formes populaires. On pourra aussi étudier le Livre élégiaque, illustrations comprises.

L’élégiaque, ses objets et ses manifestations

L’élégiaque, modalité de l’intime ou de la sphère privée, entretient des liens évidents avec la société. Quelles sont les formes que peut prendre une sociabilité élégiaque, des performances élégiaques (lectures, salons, improvisation), un mode de diffusion élégiaque (Presse, édition, critique), des formes privées et collectives du deuil ? Pour quel usage social de la plainte et des larmes ? On pourrait alors dresser le portrait et préciser la physiologie du poète élégiaque, son habitus, ses comportements, son vêtement, etc.

De plus, l’élégiaque trouve une résonance sur le plan politique : le drame national entraîne la plainte collective. Cependant, on souhaiterait questionner non pas tant la présence du politique dans les textes élégiaques (type élégie nationale) que la manière élégiaque de faire de la politique, à l’aune des traumatismes révolutionnaires, des drames du temps, des misères sociales. La poésie élégiaque est-elle une poésie de circonstance ? Quels liens entretient-elle avec l’Histoire ?

L’élégiaque, la pensée et le genre

En outre l’élégiaque n’est pas seulement un mode d’être ou de vie, individuel et collectif, il se pourrait bien qu’il soit aussi un mode de pensée. Y a-t-il une philosophie élégiaque ? À partir de quel matériau notionnel et sensible, entre concept et affect, s’élabore-t-elle ? Comment une pensée de la mélancolie, du deuil, de la mort, dans ses dimensions religieuses ou métaphysiques, voire mystiques, pénètre-t-elle l’expression élégiaque, et comment la modalité élégiaque peut-elle imprégner l’écriture philosophique ?

Il sera intéressant d’envisager la rencontre entre l’élégiaque et du genre (gender). L’élégiaque semble souvent appeler des représentations féminines, voire efféminées, dans l’histoire culturelle, et cristalliser les foudres ou l’ironie de ceux qui s’avisent de le juger ou de l’épingler, comme pris par la peur de l’autre. Mais la notion en retire aussi une dimension subversive et novatrice qui reste à déterminer plus précisément dans le champ artistique.

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Des monographies consacrées à un auteur important dans la saisie nuancée de la notion sont envisageables, mais nous accorderons la préférence à des approches transversales, aux synthèses et aux questionnements sur le sujet.

Les articles ne devront pas dépasser 30 000 signes espaces comprises et devront être accompagnés d’un résumé en français.

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Les propositions sont à envoyer conjointement à :

Aurélie Foglia aloiseleur@hotmail.com

et Pierre Loubier pierre.loubier@univ-poitiers.fr avant le 15 décembre 2020.

Réponse du comité de rédaction en février 2021 – textes à remettre avant fin juin 2021.

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Date of publication: 13.07.2020
Last edited: 13.07.2020