CfP/CfA events

La question économique chez les Goncourt

Beginning
28.05.2021
End
28.05.2021
Abstract submission deadline
30.09.2020

La question économique chez les Goncourt.

Programme du séminaire et appel à communications pour la journée d'études

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Programme du Séminaire Goncourt 2020-2021

Sous la responsabilité de Béatrice Laville et Vérane Partensky

La question économique chez les Goncourt

 

Alors que la pensée des liens entre littérature et économie ouvre depuis quelques années un champ nouveau d’investigations[1], cette problématique peu abordée dans les études goncourtiennes apparaît cependant de première importance. À une époque marquée par l’essor du capitalisme et des idéologies politiques qui, du libéralisme au socialisme, en sont le corollaire, l’économie se constitue peu à peu en un champ théorique et scientifique autonome. Mais elle impose également ses perspectives d’analyse à la littérature et accompagne le discours du réalisme naissant qui doit compter, pour l’appréhension du réel, avec l’ensemble des mécanismes modernes de la production et de la circulation des richesses. Les Goncourt n’y sont nullement indifférents : ces écrivains nostalgiques de l’Ancien Régime, mais façonnés par l’individualisme moderne, rentiers fort à l’aise, voient cependant avec méfiance le jeu de la spéculation et les scandales financiers de leur temps. Avec une ironie non dénuée d’anxiété, ils perçoivent l’entrée en politique de ces « classes laborieuses » qui menacent l’équilibre social. Les dispositifs économiques apparaissent de fait comme un axe d’analyse essentiel : l’interdépendance et le conflit entre être et avoir, entre valeur esthétique et valeur financière, entre structuration sociale et organisation du travail, sont des questions récurrentes aussi bien dans le Journal et dans les ouvrages historiques des deux frères que dans leur œuvre romanesque et dramatique. Paradoxalement, comme l’a souligné Bourdieu dans Le Champ littéraire, la reconnaissance de l’autonomie de la littérature, qui triomphe dans la théorie de l’art pour l’art, est exactement contemporaine de l’avènement d’un prolétariat des Lettres qui résulte du développement de la presse, de la massification du lectorat et des révolutions de l’édition et du livre. Il est  significatif que, dès leur premier roman, Les Hommes de lettres, les Goncourt aient posé frontalement la question des conditions matérielles et financières de production de l’œuvre littéraire et des conséquences de sa marchandisation, dont la fondation du prix et de l’Académie Goncourt tire, quatre décennies plus tard, les conséquences avec une rigueur remarquable.

Le séminaire envisagera ainsi la question des dispositifs économiques dans l’œuvre des Goncourt, éventuellement en les mettant en relation avec d’autres romanciers réalistes.

On pourra envisager notamment les pistes suivantes :

— le roman du capital : stratégies narratives, discursives, stylistiques mises en œuvre pour évoquer la question de l’argent (agents, modalités d’échanges, rentes, drames etc…) ; représentation des mutations économiques, aussi bien dans le Journal et les ouvrages historiques que dans les textes fictionnels.

— les implications sociales et politiques liées à l’essor du capitalisme : critique de l’économie libérale, antisémitisme, critique de la bourgeoisie, conscience de classe, etc. Misère moderne, prolétariat.

— les relations entre contraintes économiques et valeur esthétique. On pourra interroger la question de l'aliénation de l'artiste ou de l’écrivain, mais aussi les processus de fétichisation de la marchandise, le statut de l’objet d’art et de la collection, etc.

— la perspective éthique : la tension entre intérêt économique et exigence morale revêt une importance majeure qui invite à repenser les modalités, sinon l’utopie, d’une éthique moderne. Existe-t-il des possibilités d’échapper au système ? À la tyrannie de la productivité et de l’utilitarisme ? Outre le lien entre sécurité financière et indépendance artistique, le désintéressement, ses vertus et ses limites, dessinent chez les Goncourt un paradigme particulièrement intéressant qui permet d’étudier l’indifférence à la richesse (Demailly, Anatole, Philomène, les frères Zemganno, etc), tandis que les vices induits par l’argent (vol, prostitution, marchandisation de la femme, etc) posent la question de la responsabilité individuelle et sociale.

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 Programme des séances

20 novembre : introduction par Béatrice Laville et Vérane Partensky

4 décembre : Patrick Baubeau, université Paris Ouest Nanterre : « Le libéralisme et le socialisme, enfants jumeaux du capitalisme ? »

21 janvier : Claire Pignol, université Paris I Panthéon Sorbonne : « Peines et bonheurs de l'économie dans Germinie Lacerteux ».

19 février : Jean-Yves Mollier, université Versailles Saint-Quentin : « Droit moral et droit patrimonial chez les Goncourt »

12 mars : Alexandre Péraud, université Bordeaux Montaigne: « Renée, Charles, Elisa et alii : les économies contrariées des Goncourt »

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Une journée d’études viendra clore le séminaire consacré à la question économique chez les Goncourt le vendredi 28 mai 2021. Les propositions de communication doivent être adressées à Béatrice Laville (laville.beatrice@gmail.com) et Vérane Partensky (verane.partensky@club-internet.fr) avant le 30 septembre 2020. Une publication des actes du séminaire et de la journée d’études est prévue dans les Cahiers Jules et Edmond de Goncourt.

     

[1] On pensera notamment aux travaux de Christian Biet, Yves, Citton, Alexandre Péraud, Claire Pignol, Martial Poirson, Christophe Reffait…

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Fields of research

French literature, Literature of the 19th century
Edmond und Jules de Goncourt ; Literatur und Ökonomie

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Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3
Date of publication: 10.07.2020
Last edited: 10.07.2020