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Esthétisation (Nouvelle Revue d'Esthétique, E. Alloa et Chr. Haffter, dir.)

Abstract submission deadline
20.06.2021

Nouvelle Revue d’Esthétique

N° 28

Esthétisation

Depuis les années 1970, de nombreux observateurs constatent une « esthétisation » de tous les domaines de la vie. Si ce constat fait peu de doute, ses interprétations divergent. D’un côté, et dans le sillage de Guy Debord notamment, c’est la spectacularisation par les médias qui est dénoncée, la théâtralisation de la politique et le triomphe des économies pulsionnelles. De l’autre, l’esthétisation est ouvertement revendiquée comme une prise en considération, à l’âge de la modernité tardive, des affects et des goûts dans la construction d’un sens commun. Tandis que certains insistent sur la possibilité d’une « esthétique de l’existence » ou encore d’une stylisation de nos formes de vie, d’autres s’inquiètent au contraire de l’émergence d’un nouveau « capitalisme esthétique » qui, dans sa promesse d’une singularisation du « look », parachèverait la mercantilisation des sensibilités. Les développements plus récents ont redonné de l’actualité à ce débat qui agitait les débats germanophones des années 1980-90 sous la formule de l’ « esthétisation du monde de la vie »: le rôle croissant que jouent le design, la publicité, les interfaces ou encore le soin des corps apporte la preuve, s’il en fallait, que la question esthétique ne saurait se cantonner au monde de l’art. Mieux, la critique artiste, qui portait depuis sa marginalité un regard cinglant sur ses contemporains, perd de son efficace, lorsque les nouveaux travailleurs sont sommés de se soumettre à l’impératif de créativité. A l’âge du « capitalisme artiste », chacun est sommé de « soigner son image » : le capital symbolique s’engrange via des nouvelles « iconomies » établies par le commerce des regards à l’ère numérique.  

Ce dossier de la Nouvelle revue d’esthétique vise à faire le point sur ce débat, afin de mieux comprendre comment s’articulent ses différents volets et d’apprécier la valeur heuristique d’une notion telle que l’ « esthétisation » aujourd’hui. Si la pensée postmoderne associait encore à celle-ci la promesse d’une philosophie qui accueillerait l’aïsthésis et donc d’une sensibilité au différend, à présent, l’esthétisation semble plutôt correspondre à un brouillage des lignes du conflit, renvoyant au sens que Walter Benjamin donnait à ce mot, lorsqu’il invoquait, face à la monté des fascismes, une « esthétisation de la politique ». A la lumière du retour des régimes autoritaires, dont le recours au grand spectacle est bien connu quand il s’agit de faire diversion, la célébration des apparences peut avoir quelque chose de malvenu. Mais contre ceux qui prônent un retour à l’authenticité pour contrer la théâtralisation de la société et promeuvent la transparence comme remède miracle, les voix se multiplient pour défendre la non-coïncidence et l’écart. L’esthétique apparaît alors tel un laboratoire de désidentification et de différenciation d’avec soi, redevenant, à rebours de son apparente omniprésence, un site privilégié pour qu’une démocratie renégocie le partage du sens. 

Des propositions d’articles sont bienvenues qui aborderont le sujet de l’esthétisation sous l’un ou plusieurs des angles suivants. Il s’agit notamment de :&nb

  • reconstituer des « moments » de ce débat depuis les années 1970 (dans le contexte francophone, mais aussi germanophone, anglophone et italophone notamment)
  • analyser et évaluer les différences conceptuelles entre ces différents diagnostics et mettre en évidence les notions d’esthétique respectives que ceux-ci présupposent
  • distinguer des types et des variantes selon les paradigmes en question (spectacularisation, théatralisation, scandalisation, médiatisation)
  • produire des cas d’étude sur les transformations en cours dans des domaines supposés non-esthétique jusque-là (y a-t-il eu « esthétisation » et si oui, dans quels termes ?)
  • argumenter pour (ou contre) la pertinence d’une distinction entre l’esthétisation et l’« artialisation » : l’art perd-il ses moyens, lorsque ceux-ci semblent se généraliser dans tous les autres domaines ? Faut-il défendre aujourd’hui une spécificité de l’œuvre d’art face à ce qui s’apparente désormais à une « esthétisation de l’art » ?
  • revenir sur la possibilité d’opposer une « esthétisation de la politique » à une « politisation de l’art » (W. Benjamin)
  • s’interroger sur la pertinence (ou l’impertinence) du diagnostic de l’esthétisation face aux crises contemporaines (autoritarisme, inégalités, urgence climatique etc.)

 

Modalités de soumission

Les propositions comprendront : 

• un article ne devant pas dépasser 25 000 signes sans les notes ; ces dernières, en nombre le plus restreint possible, seront réduites à la communication factuelle des références ;

• un résumé de 300 mots maximum en français et en anglais ;

• une présentation succincte de l’auteur ou des auteurs de 100 mots maximum.

Les propositions de contribution seront envoyées au format Word à 

Dominique Chateau : chateaudominique@mac.com

Christoph Haffter : christoph.haffter@unifr.ch

et Emmanuel Alloa: emmanuel.alloa@unifr.ch

Elles seront examinées et sélectionnées par le comité de rédaction de la Nouvelle revue d’esthétique en juillet 2021.

Date limite d’envoi des propositions : 20 juin 2021. 

 

Si vous souhaitez de plus amples informations vous pouvez vous adresser aux deux responsables du futur dossier Esthétisation : Emmanuel Alloa et Christoph Haffter

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Date of publication: 08.03.2021
Last edited: 08.03.2021