CfP/CfA Publikationen

Retourner (la nostalgie)/ Returning (Nostalgia)

Deadline Abstract
15.07.2021
Deadline Beitrag
15.10.2021

Appel à contributions « Retourner (la nostalgie)/ Returning (Nostalgia) » N° 39 (PRINTEMPS 2022)

Intermédialités. Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques

Intermediality. History and Theory of the Arts, Literature, and Technologies

Sous la direction de :

André Habib, Université de Montréal

Suzanne Paquet, Université de Montréal

Carl Therrien, Université de Montréal

DATE DE SOUMISSION DES PROPOSITIONS : 15 JUILLET 2021 

ANNONCE DES RÉSULTATS DE LA SÉLECTION DES PROPOSITIONS : 15 AOÛT 2021 

SOUMISSION DES TEXTES COMPLETS AUX FINS D’ÉVALUATION : 15 OCTOBRE 2021 

PUBLICATION DES TEXTES RETENUS PAR LE COMITÉ DE RÉDACTION : PRINTEMPS 2022   

Retourner (la nostalgie)

Le néologisme « nostalgie » fut forgé pour la première fois en 1688 par un doctorant en médecine suisse du nom de Johannes Hofer, afin d’inscrire dans la langue savante et dans le catalogue des nosographies (en plein essor au 17e siècle) un mal singulier : le désir maladif de retrouver sa terre natale lointaine et qui, dans le langage courant, avait jusqu’alors pour nom Heimweh, Sehnsucht, mal du pays, homesickness, saudade, desengaño, etc. Passé de la langue savante de la médecine (et en particulier de la médecine militaire) du 18e siècle au langage de la littérature et de la musique romantiques du 19e siècle avant d’entrer dans l’usage courant, le terme perdra, au fil du temps, à la fois sa place de choix dans l’inventaire des pathologies médicales et sa pertinence comme mode ou ressort poétique strict (Starobinksi, Bolzinger). Il aura désigné, entretemps, d’abord un sentiment d’éloignement lié à la patrie, puis la douleur associée au passage irréversible du temps et à la perte de l’enfance. C’est ainsi qu’en désertant les salles de dissection, les cabinets de médecins et les recueils de poèmes de l’avant-garde, la nostalgie migrera dans la culture populaire et, depuis les années 1960 et 1970, irrigue de façon marquée le cinéma, la musique et la télévision (Davis, Cook, Dwyer, Holdsworth, Lizardi). Elle en viendra à terme à définir un mode de relation au passé qui, dès lors (et le numérique aura accentué cette tendance), ne semble pensable que dans les termes du regret, du manque, comportant alors, aux yeux de certain·es, une dimension régressive, réactionnaire, doublée parfois de connotations politiques douteuses (dont on ne semble pas toujours complètement débarrassés aujourd’hui). Pour cette raison, les années 1970 et 1980 donneront lieu à une critique virulente de la nostalgie et du « rétro » en général (Baudrillard, Jameson). Or, voilà que depuis une vingtaine d’années, nous assistons à une très lente réhabilitation, ou plutôt à une complexification, critique et intellectuelle (notamment à partir de l’ouvrage phare de Svetlana Boym) de la nostalgie, y compris dans ses dimensions potentiellement positives, « progressistes », voire curatives. Un examen plus attentif de l’histoire de la nostalgie (Bolzinger, Starobinski), l’émergence de nouvelles formes culturelles et esthétiques du « symptôme » nostalgique (dans le jeu vidéo, la musique, la photographie, le cinéma) et, en particulier avec le numérique, l’apparition de modalités plus proprement technologiques et médiatiques de ce sentiment individuel (on parle alors de technostalgie, de nostalgie analogique, de « communautés » nostalgiques sur le Web) ont invité des chercheur·euse·s issus des sciences humaines et sociales, mais aussi des études médiatiques, littéraires et artistiques à « retourner » (vers) la nostalgie, en la pensant alors comme une activité (« nostalgiser ») et comme une façon productive de décrire les modes d’interaction des individus et des communautés avec le passé et la technologie (Niemeyer, Fantin, Févry, Schrey, van der Heijden). D’autres approches ont tenté d’aborder la nostalgie d’un point de vue anthropologique, interculturel, global, queer, décolonial, en faisant apparaître un tout nouveau potentiel critique contemporain de cette notion (Angé, Berliner, Bonnett, Duyvendak, Padva).

Alors, que peut une approche intermédiale de la nostalgie ? L’intermédialité, pensée non pas comme un concept transcendant, comme une métadiscipline autonome, mais comme une méthode interdisciplinaire (souvent indisciplinée), permet de situer, d’interroger et de saisir les objets depuis leur milieu, depuis l’écheveau de données matérielles, de techniques mais aussi d’idées et de discours qui en constituent l’a priori. Dans ce numéro de la revue Intermédialités, il s’agira ainsi d’aborder la nostalgie en analysant, à travers la pluralité de ses manifestations (thèse de médecine, chanson populaire, série télé, jeu vidéo, roman, etc.), le nœud de relations médiatiques qui en assurent l’efficace et la pertinence. L’intermédialité nous invite également à penser la nostalgie à travers plusieurs époques et à l’intersection de plusieurs médias, afin d’en déplier les lieux communs, les survivances culturelles, les montages temporels, les remédiations mémorielles. En suivant un axe intermédial pour travailler la nostalgie, nous voulons insister sur la pluralité de relations qui se nouent, au sein des phénomènes, et qui engagent la matérialité des supports, les milieux de formation des pratiques et des échanges, la production des discours et des affects.

Ce numéro a pour ambition de rassembler des contributions de chercheur·euse·s provenant d’horizons disciplinaires différents. Les articles devront s’attarder à des études de cas précises qui permettront de saisir la nostalgie de diverses façons, dans ses dimensions intermédiales.

Nous encourageons les propositions d’articles traitant, sans s’y limiter, des thèmes généraux suivants :

– Médias, mémoire et nostalgie

– Rétroludicité ou jeux vidéo nostalgiques

– Faux vintage, rétro et nostalgie

– Nostalgies non occidentales

– Nostalgies et médias sociaux

– Technostalgie (nostalgies analogique, numérique)

– Littérature(s) de l’exil et nostalgie

– Cinéma et séries télé contemporaines

– Nostalgie, queer et kitsch

– Industries de la nostalgie : économie, valeur et affect

– Nostalgie et mélancolie

– Nostalgie et psychanalyse

– Nostalgie(s) : perspectives globales et postcoloniales

 

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Intermédialités est une revue scientifique semestrielle qui publie en français et en anglais des articles inédits évalués de façon anonyme par des pairs.

Les propositions d’articles (350–400 mots) doivent être acheminées avant le 15 juillet 2021. En plus du résumé de la proposition, une bibliographie préliminaire (cinq livres ou articles) ainsi qu’une brève notice biographique (programme d’études, champs d’intérêt, 5–10 lignes) sont demandées. Les propositions seront évaluées par le comité scientifique de la revue, en fonction de l’originalité de l’approche et de la pertinence de la problématique. Elles devront être envoyées avant le 15 juillet 2021 à l’adresse suivante :

andre.habib@umontreal.ca

Les articles définitifs seront à soumettre le 15 octobre 2021. Ils devront avoisiner les 6 000 mots (40 000 caractères, espaces comprises) et pourront comporter des illustrations (sonores, visuelles, fixes ou animées), dont l’auteur·e de l’article aura pris soin de demander les droits de publication.

Il est demandé aux auteur·e·s d’adopter les normes du protocole de rédaction de la revue, disponible à l’adresse suivante :

[FR] http://cri.histart.umontreal.ca/cri/fr/intermedialites/protocole-de-redaction.pdf

[EN] http://cri.histart.umontreal.ca/cri/fr/intermedialites/submission-guidelines.pdf

Pour de plus amples informations sur la revue, consultez les numéros accessibles en ligne sur la plateforme Érudit : http://www.erudit.org/fr/revues/im/

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Bibliographie

Angé, Olivia, et David Berliner (dir.), Anthropology and Nostalgia, New York–Oxford, Berghahn Books, 2015.

Böhn, Andreas, « Nostalgia of the Media/in the Media », dans Winfried Nöth et Nina Bishara (dir.), Self-Reference in the Media, Berlin–New York, De Gruyter Mouton, 2007, p. 143–153.

Bolzinger, André, Histoire de la nostalgie, Paris, Campagne Première, coll. « Recherche », 2007.

Bonnett, Alastair, The Geography of Nostalgia: Global and Local Perspectives on Modernity and Loss, Londres, Routledge, 2017.

Boym, Svetlana, The Future of Nostalgia, New York, Basic Books, 2001.

Cook, Pam, Screening the Past. Memory and Nostalgia in Cinema, Londres–New York, Routledge, 2005.

Davis, Fred, Yearning for Yesterday. A Sociology of Nostalgia, New York, The Free Press, Londres, Collier Macmillan Publishers, 1979.

Duyvendak, Jan Willem, The Politics of Home – Belonging and Nostalgia in Western Europe and the United States, Londres, Palgrave Macmillan, 2011.

Dwyer, Michael D., Back to the Fifties: Nostalgia, Hollywood Film and Popular Music of the Seventies and Eighties, Oxford, Oxford University Press, coll. « Oxford Music/Media », 2015.

Ericson, Staffan, Johan Fornäs et Anne Kaun (dir.), « Media Times: Mediating Time –Temporalizing Media: Introduction », International Journal of Communication, vol. 10, 2016, p. 5206–5212.

Fantin, Emmanuelle, et Thibault Le Hégarat (dir.), « L’Âge d’or », Le Temps des médias, vol. 27, n° 2, 2016, p. 5–15.

Habib, André, et Alice Michaud-Lapointe (dir.), Dossier « Le temps du rétro », Spirale, nº 266, 2018, p. 27–65.

H-ermes. Journal of Communication, Dossier « Nostalgia », nº 8, 2016, http://siba-ese.unisalento.it/index.php/h-ermes (consultation le 17 février 2021).

Hofer, Johannus, Medical Dissertation on Nostalgia or Homesickness, Basel, Jacob Bertschius, 1688, dans Bulletin of the Institute of the History of Medecine, 1er janvier 1934, trad. Carolyn Kiser Anspach, p. 376–391.

Holdsworth, Amy, Television, Memory and Nostalgia, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2011.

Lizardi, Ryan, Mediated Nostalgia. Individual Memory and Contemporary Mass Media, Washington, Lexington Books, 2015.

Niemeyer, Katharina (dir.), Media and Nostalgia. Yearning for the Past, Present and Future, Houndmill (R.-U.), coll. « Macmillan Memory Studies », 2014.

Niemeyer, Katharina, Emmanuelle Fantin et Sébastien Févry, Nostalgies contemporaines. Médias, cultures et technologies, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2021.

Padva, Gilad, Queer Nostalgia in Cinema and Popular Culture, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2014.

Schrey, Dominik, Analoge Nostalgie in der digitalen Medienkultur, Berlin, Kadmos, 2017.

Starobinski, Jean, L’encre de la mélancolie, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Essais/Points », 2012.

Van der Heijden, Tim, « Technostalgia of the present: From Technologies of Memory to a Memory of Technologies », NECSUS, 16 novembre 2015, https://necsus-ejms.org/technostalgia-present-technologies-memory-memory-technologies/ (consultation le 14 mai 2021).

 

Quelle der Beschreibung: Information des Anbieters

Forschungsgebiete

Literatur und Psychoanalyse/Psychologie, Literatur und Soziologie, Literatur und Kulturwissenschaften/Cultural Studies, Literatur und Medienwissenschaften, Ästhetik, Stoffe, Motive, Thematologie, Literatur des 20. Jahrhunderts, Literatur des 21. Jahrhunderts
Nostalgie

Links

ISSN: 1920-3136

Ansprechpartner

Einrichtungen

Université de Montréal (UdeM) / University of Montréal

Adressen

Montreal
Kanada
Datum der Veröffentlichung: 04.06.2021
Letzte Änderung: 04.06.2021