CfP/CfA Veranstaltungen

Présence de l’histoire des XXe et XXIe siècles dans les productions littéraires et artistiques contemporaines

Beginn
30.05.2020
Ende
02.06.2020
Deadline Abstract
15.12.2019

Appel à communication

« Présence de l’histoire des XXe et XXIe siècles dans les productions littéraires et artistiques contemporaines »

Colloque annuel de l’APFUCC

Congrès des Sciences Humaines du Canada

Western University

London, Ontario, Canada

Du samedi 30 mai au mardi 2 juin 2020 inclus

L’histoire n’est jamais présente. Quand les arts s’en emparent, elle est toujours représentation, figuration, suggestion, déconstruite, remise sur le devant de la scène quand elle était occultée… Et elle n’est pas davantage présente quand les historiens la prennent comme objet. Que faut-il alors entendre par « présence de l’histoire » et qu’attend-on d’un atelier sur cette « présence de l’histoire récente dans les productions artistiques contemporaines » ?

Il peut paraître paradoxal de se limiter à la « présence de l’histoire des XXe et XXIe siècles », alors que précisément cette période récente est presque notre présent, notre actualité, si on la compare au matériau d’emblée historique des siècles passés. N’y a-t-il pas comme un effet de miroir entre l’histoire de notre siècle et « les productions artistiques contemporaines » ? Cette proposition prend le contre-pied de la fascination pour l’histoire éloignée, souvent attisée par l’adjectif « historique » accolé au genre (roman historique…). Or ces productions dites « historiques » entretiennent l’illusion d’une saisie possible de l’histoire objectivée. Prendre l’histoire au présent ou presque, c’est ne pas faire l’économie de la question de l’objectivation de l’histoire dans et par les productions littéraires et artistiques.

 « Présence de l’histoire » ne signifie pas que l’histoire préexisterait. C’est pourquoi nous pourrons chercher à mesurer, à partir d’exemples étudiés au cours de l’atelier, comment les productions artistiques et littéraires prennent en charge l’histoire, ou comment le créateur devient l’historien de son siècle, si l’on entend le terme d’historien au sens que lui donne Walter Benjamin : « Faire œuvre d’historien ne signifie pas savoir “comment les choses se sont réellement passées”. Cela signifie s’emparer d’un souvenir, tel qu’il surgit à l’instant du danger[i] ». Il s’agirait en somme non pas de raconter une histoire déjà connue et bien définie, mais de faire advenir l’histoire. Précisons encore : il ne s’agit pas ici de s’attacher aux témoignages (comme pourrait le suggérer illusoirement le terme « souvenir » ou l’histoire du présent), mais bien au geste d’appropriation de l’histoire par les productions littéraires et artistiques, le travail de métamorphose faisant du créateur un « historien » particulier – certes peu scientifique.

Selon une autre lecture de l’intitulé, la présence de l’histoire dans les créations artistiques contemporaines peut se comprendre en opposition à son absence apparente durant certaines périodes, question d’actualité si l’on en croit de nombreuses productions littéraires de ces dernières décennies. Pour ce qui est du cas français, dans La Littérature française au présent[ii] Dominique Viart et Bruno Vercier présentent la littérature française contemporaine, en particulier fictionnelle, comme marquée, notamment, par un « retour » de l’histoire. Ce « retour », qui n’est pas reprise des formes traditionnelles pour autant (on pense au roman historique traditionnel qui se voit revisité et transformé), interviendrait après un « repli formaliste », même si l’histoire n’a jamais été tout à fait absente durant la période du Nouveau Roman. Force est de constater qu’elle n’a pas, cependant, dans ces années-là, l’importance qu’elle revêt dans la littérature contemporaine. En effet, la littérature française contemporaine (1980 - 2010) procèderait, selon ces mêmes auteurs, d’une saisie critique du monde qui l’entoure ainsi que d’une relecture critique des discours qui témoignent du passé. Il s’agit d’« une littérature qui se pense, explicitement ou non, comme activité critique et destine à son lecteur les interrogations qui la travaillent[iii] ». L’exploration du passé qui caractérise la période contemporaine se fait enquête, questionnement, réévaluation comme le montre notamment l’ouvrage Nouvelles écritures littéraires de l’Histoire[iv], autant de formes proches de ce qu’Hartog appelle le présentisme[v], ce « défaut d’orientation – ni vers l’avenir, ni vers le passé », ce « temps désorienté » où montent les « incertitudes ».

Le premier enjeu de cet atelier serait donc de mesurer ce qu’il en est à l’échelle d’autres œuvres en français dans d’autres pays et d’autres continents : quels épisodes historiques repris ? Selon quels objectifs ? Quelles périodisations ?

Le second objectif serait aussi bien sûr de s’interroger plus largement sur les multiples finalités de cette réécriture contemporaine des événements des XXe et XXIe siècles : s’agit-il de « réparer » (Gefen), libérer le présent du poids du traumatisme, se chercher (récits de filiation...), mettre en question les représentations mémorielles, parler indirectement du présent ? Tout comme de faire un état des lieux des formes littéraires et artistiques utilisées pour ce faire.

Par ailleurs, l’alternance entre absence et présence de l’histoire ne semble pas suivre le même calendrier, selon qu’il s’agisse de productions plastiques, littéraires ou autres. Les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale sont dans les arts plastiques celles de la figuration de l’histoire immédiate ; que l’on songe par exemple à la sculpture La Ville détruite, de Zadkine en 1947. Le troisième objectif de cet atelier sera donc de mesurer en quoi certaines différences d’approches du matériau historique peuvent être liées aux différences de langages artistiques.

Sont suggérés ci-dessous plusieurs axes de réflexion (liste non exhaustive) :

Modalités esthétiques : représenter, figurer, diffracter, fragmenter… Quand l’écrivain ou l’artiste fait émerger l’histoire, voire se fait « historien »… Contextes nationaux, continentaux, transnationaux… Enjeux politiques, sociaux, culturels, identitaires de cette présence : réparer, s’originer, déconstruire…

*

Les propositions sont à envoyer au plus tard le 15 décembre 2019 par courriel à virginie.brinker@u-bourgogne.fr et pascal.vacher@u-bourgogne.fr.

Les propositions doivent préciser le nom de leur auteur.e, son affiliation, son adresse, et présenter un titre et un texte de proposition de 250 à 300 mots.

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des organisateurs de l’atelier avant le 15 janvier 2020 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2020 pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence et l’adhésion est le 10 avril 2020 au-delà de quoi le titre de votre communication sera retiré du programme. 

Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque de 2020. Toutes les communications doivent être présentées en français (la langue officielle de l’APFUCC) en personne, même dans le cas d’une collaboration. 

Responsables de l’atelier :

Virginie Brinker, Université de Bourgogne-Franche-Comté, Centre Pluridisciplinaires Textes et Cultures

virginie.brinker@u-bourgogne.fr

Pascal Vacher, Université de Bourgogne-Franche-Comté, Centre Pluridisciplinaires Textes et Cultures

pascal.vacher@u-bourgogne.fr

Sites web :

http://www.apfucc.net/

http://congres2020.ca/

[i] Walter Benjamin, « Sur le concept d’histoire », in Œuvres III, Paris, Gallimard 2000, folio essais, p.431.

[ii] Dominique Viart et Bruno Vercier, La Littérature française au présent, Paris, Bordas, 2e édition augmentée, 2008.

[iii]  Ibid., p. 12.

[iv]  Dominique Viart (dir.), Nouvelles écritures littéraires de l’Histoire, in Ecritures contemporaines 10, Caen, Lettres Modernes Minard, 2009.

[v]  François Hartog, Régimes d’Historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », 2003.

Quelle der Beschreibung: Information des Anbieters

Forschungsgebiete

Literatur und andere Künste, Literatur des 20. Jahrhunderts, Literatur des 21. Jahrhunderts
Literatur und Geschichte

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University of Western Ontario (UWO)
Datum der Veröffentlichung: 02.12.2019
Letzte Änderung: 02.12.2019