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Interroger la représentation de l'habiter urbain dans la fiction contemporaine (Ouvrage collectif)

Deadline Abstract
10.05.2020
Deadline Beitrag
31.07.2020

Appel à chapitre - Ouvrage collectif 

« Interroger la représentation de l'habiter urbain dans la fiction contemporaine »

Un ouvrage collectif et transdisciplinaire sur le thème « Interroger la représentation de l'habiter urbain dans la fiction contemporaine » est actuellement en préparation et dans l’attente de propositions.

Le terme « habiter », en philosophie et en géographie, s’écarte de son usage courant, où il est synonyme d’actes fonctionnels tels que  « loger », « résider » ou « demeurer », pour être conceptualisé en tant « qu’être sur Terre » (Lussault 2007). À partir de Heidegger (1993 [1951]) et de sa célèbre Conférence de Darmstadt, l’habiter devient une caractéristique fondamentale de l’être, une « "poétique" du monde qui questionne l’être de l’habitation humaine » (Lussault 2007, p. 41). À la suite de Dardel (1990), l’habiter se voit articulé en termes de géographicité, soit comme le produit de la relation de l’humain à la terre; une relation comprenant à la fois un ensemble de pratiques et une conscience singulière de la nature et de l’espace (Dupont 2008). Naît ainsi une approche « onto-géographique » de l’habiter rendant compte de la projection de l'humain dans l'espace (Lévy et Lussault 2003), mais aussi un habiter comme acte d’appropriation de l’espace : il est alors question de pratiques habitantes (Rosselin 2002), soit de manières – comportements, fréquentations et usages – d’être aux lieux (Fries-Paiola et De Gasperin 2014) ou encore, dans une perspective certalienne, de « faire avec l’espace », soit des usages se rapportant non plus à la manière dont on arrange l’espace, mais à la manière dont on s’arrange de l’espace (Duret 2019).

À côté des pratiques habitantes et de l’être sur Terre, l’habiter peut également être considéré comme un co-habiter. Il est alors question de la dimension spatiale de la socialité ou encore de la dimension collective de l’habiter. Si « [l]'espace est une catégorie qui définit une relation de coexistence entre les éléments du réel » (Lévy 1993, p. 121, l’auteur souligne), le co-habiter se rapporte alors aux configurations des relations de coexistence des individus en société, l’espace social étant entendu comme un être ensemble dans et en fonction d’un milieu humain.

L’habiter, d’abord pensé par les philosophes au cours du XXe siècle a essaimé depuis dans les sciences humaines et sociales, en particulier en anthropologie, en géographie, en sociologie et en urbanisme, au point d’être devenu ces deux dernières décennies un concept essentiel dans les disciplines concernées par les questions de spatialité. Plus récemment, quoique de manière encore embryonnaire, plusieurs perspectives d’analyse se sont penchées sur la représentation de l’habiter dans les œuvres de fiction, telles que la géocritique, l’écocritique et, plus récemment, la mésocritique, dont elle constitue l’objet d’étude privilégié.   

En 2014, l’humanité a atteint un stade de développement hautement symbolique, puisque désormais, plus de la moitié de la population mondiale peut être qualifiée d’urbaine (Nations Unies 2014). Cet accroissement de la population urbaine s’accompagne également d’une mutation de la ville elle-même et des phénomènes qui s’y rattachent, dont les sociologues, les géographes, les architectes et les urbanistes, entre autres spécialistes, ont tenté de saisir les caractéristiques essentielles. Ainsi parle-t-on aujourd’hui de villes des flux (Mongin 2013), de villes globales (Sassen 1991), de villes franchisées (Mangin 2004), de villes-lisières (edgeless cities) (Garreau 1991), de villes génériques (Koolhaas 2011), d’hypervilles (Corboz 2002), de villes intelligentes, etc., pour en comprendre les spécificités.

On pourrait alors se poser la question suivante : comment la fiction enregistre-t-elle et retravaille-t-elle les transformations contemporaines de la ville et, plus fondamentalement, l’habiter et les pratiques habitantes qui les accompagnent? En mobilisant la fantaisie, le fantastique, le réalisme, la science-fiction, l’utopie ou la dystopie, quelle appréciation la fiction offre-t-elle de l’habiter urbain et quelles formes alternatives propose-t-elle, le cas échéant? 

L’ouvrage collectif « Interroger la représentation de l'habiter urbain dans la fiction contemporaine » aura pour objectif de montrer comment la fiction contemporaine envisage l’expérience du milieu urbain par ses habitants et habitantes ou, en d’autres termes, comment la fiction contemporaine représente l’habiter et les pratiques habitantes au sein de la ville.

La perspective de cet ouvrage se veut transmédiatique. Seront donc prises en considérations les analyses d’œuvres littéraires, mais également cinématographiques, photographiques, vidéoludiques, bédéiques et télévisuelles.

L’ouvrage ne se limitera pas à des études de cas. Les propositions théoriques et méthodologiques portant sur la représentation de l’habiter dans la fiction seront également considérées.   

Plusieurs dimensions de l’habiter urbain seront abordées, parmi lesquelles figurent :

  • Les rapports écologiquement soutenables et insoutenables de l’urbain à son environnement;
  • Les pratiques habitantes alternatives et dissidentes de l’habiter urbain;
  • Habiter dans un milieu cosmopolite (mixité sociale et culturelle);
  • Les espaces communs/publics de l’habiter;
  • Les formes utopiques et dystopiques de l’habiter;
  • L’urbaphobie et l’urbaphilie;
  • Habiter les enclaves (les quartiers sécurisés, par exemple);
  • Habiter comme acte de cartographie cognitive et/ou émotionnelle.

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Les résumés, d’environ 400 mots, accompagnés d’une brève bio-bibliographie, sont à envoyer d’ici le 10 mai 2020 à Christophe Duret (christophe.duret@usherbrooke.ca).

Les avis du comité scientifique seront transmis à la fin du mois de mai 2020.

Les chapitres (45 000 à 55 000 caractères, comprenant les espaces, les notes de bas de page et la bibliographie) seront à remettre au plus tard le 31 juillet 2020.

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Références bibliographiques

CORBOZ, André. (2002). « La Suisse comme hyperville », Le Visiteur, n° 6. URL : http://www.jointmaster.ch/jma/ch/de-ch/file.cfm/document/La_Suisse_comme_hyperville.pdf?contentid=1040

DARDEL, Éric. (1990 [1952]). L’Homme et la Terre : Nature de la réalité géographique, Paris, Éditions du CTHS, 201 p.

DUPONT, Louis. (2008). « De la géographicité et de la médiance », Géographie et cultures, n63, [En ligne], http://gc.revues.org/1592 (Page consultée le 11 août 2018).

DURET, Christophe. (2019). Le goût pour le Moyen Âge dans les fictions post-catastrophiques contemporaines : Une lecture mésocritique, thèse de doctorat, Université de Sherbrooke, Savoirs UdeS. URL : https://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/16057

FRIES-PAIOLA, Cécile, et Axelle DE GASPERIN. (2014). « Introduction : Les pratiques habitantes au cœur de la recherche contemporaine sur les "lieux de la ville", Revue Géographique de l’Est, vol. 54, n°3-4, p. 1-14.

GARREAU, Joel. (1991). Edge City: Life on the New Frontier, New York, Doubleday, 548 p.

HEIDEGGER, Martin. (1993 [1951]). « Bâtir, habiter, penser », dans Essais et Conférences, Paris, Gallimard, p. 170-193.

KOOLHAAS, Rem. (2011). Junkspace. Repenser radicalement l'espace urbain, Paris, Payot, 120 p.

LÉVY, Jacques, et Michel LUSSAULT. (2003). « Habiter », dans Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, sous la direction de J. Lévy et M. Lussault, Paris, Belin, p. 440-442.

LÉVY, Jacques. (1993). « A-t-on encore (vraiment) besoin du territoire? », Espaces Temps, n51-52, p. 102-142.

LUSSAULT, Michel, et Mathis STOCK. (2003). « Mobilité », dans Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, sous la direction de J. Lévy et M. Lussault, Paris, Belin, p. 622-624.

LUSSAULT, Michel. (2007). Habiter, du lieu au monde. Réflexions géographiques sur l'habitat humain, dans Habiter, le propre de l'humain, sous la direction de T. Paquot, M. Lussault et C. Younès, Paris, La Découverte, p. 35-52.

MANGIN, David. (2004). La ville franchisée. Formes et structures de la ville contemporaine, Paris, Éditions de la Villette, 398 p.

MONGIN, Olivier. (2013). La ville des flux : L’envers et l’endroit de la mondialisation urbaine, Paris, Fayard, 528 p.

Nations-Unies. (2014). « Plus de la moitié de la population mondiale vit désormais dans des villes – ONU », Département des affaires économiques et sociales. URL : https://www.un.org/development/desa/fr/news/population/world-urbanization-prospects.html

ROSSELIN, Céline. (2002). « Pratiques habitantes dans des logements d'une seule pièce », Communications, no 73, p. 95-112. 

SASSEN, Saskia. (1991). The Global City: New York, London, Tokyo, Princeton, Princeton University Press, 480 p.

Quelle der Beschreibung: Information des Anbieters

Forschungsgebiete

Literatur des 20. Jahrhunderts, Literatur des 21. Jahrhunderts
Das Urbane

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Datum der Veröffentlichung: 23.03.2020
Letzte Änderung: 23.03.2020