CfP/CfA Publikationen

Ces petites filles qui lisent (revue Cahiers Robinson)

Deadline Abstract
31.08.2020
Deadline Beitrag
15.01.2021

Ces petites filles qui lisent : les jeunes lectrices dans les fictions pour la jeunesse, un motif littéraire ?

Numéro de la revue Cahiers Robinson, premier semestre 2022,

dirigé par Justine Breton.

Dans les œuvres de fiction destinées à un jeune public, qu’elles relèvent de la littérature, de l’iconographie ou de l’audiovisuel, il n’est pas rare de rencontrer des personnages de fillettes, d’adolescentes ou de jeunes filles passionnées par les livres, de Catherine Morland (Jane Austen, L’Abbaye de Northanger) à Hermione Granger (J.K. Rowling, Harry Potter), en passant par Perrine (Hector Malot, En famille), Ewilan (Pierre Bottero, La Quête d’Ewilan), Christine (Comtesse de Ségur, François le bossu), Anne (Lucy Maud Motgomery, Anne… la maison aux pignons verts) ou encore Jo March (Louisa May Alcott, Les Quatre Filles du Docteur March).

Sans que ces personnages correspondent nécessairement au cliché de la « bonne élève », il semble que l’imagination ou le savoir livresque constitue souvent le trait caractéristique et même la modalité particulière de leur héroïsme : la lecture est présentée comme ce qui révèle et accentue la sensibilité, l’ingéniosité et la curiosité, voire ce qui met à part ces personnages – que l’on pense à Sara Crewe de Frances H. Burnett, à Matilda de Roald Dahl, à l’héroïne du dessin animé La Belle et la Bête de Disney, ou encore à Lisa Simpson de Matt Groening. Elles apprennent, grandissent et parfois sauvent leurs amis grâce à leurs lectures, qui revêtent une double fonction éducative et divertissante. Même lorsqu’elles lisent peu, la lecture occupe souvent une place prédominante dans la vie de ces figures féminines. Ainsi d’Alice de Lewis Carroll, qui rejette les livres sans images mais qui reste très attachée aux histoires racontées et au pouvoir de l’imaginaire que les illustrations suscitent. Ces images récurrentes posent la question du rôle social traditionnellement assigné aux jeunes filles, mais aussi du potentiel intellectuel, éducatif, émotionnel et imaginatif que l’on attribue à la lecture et plus spécifiquement à celle des personnages féminins.

Au carrefour de réflexions sur l’héroïsme, sur les personnages féminins et sur les représentations à visée éducative à destination de la jeunesse, cette publication a pour but d’évaluer dans quelle mesure ces jeunes lectrices, telles qu’elles apparaissent dans les œuvres à destination du jeune public, constituent un motif littéraire à part entière, et quels en seraient les modalités et les enjeux. On interrogera ainsi les représentations véhiculées, afin d’examiner si l’image de la jeune lectrice acquiert « un sens indépendant de sa signification fonctionnelle par rapport à l’ensemble du récit dans lequel il prend place » (Greimas et Courtès). En effet, existe-t-il un « motif » au sens où l’entend Panofsky, une « figure » que l’on puisse identifier de manière « pré-iconographique » ? Des travaux comme ceux de Ruth Amossy ou Anne Herschberg-Pierrot ont montré comment le motif se décline sur le plan proprement linguistique (expressions, phrases) ou thématico-narratif (scénarios, schémas, personnages, décors) et sur le plan idéologique (valeurs, représentations). Par ailleurs, il conviendra d’interroger les connaissances acquises par les jeunes lectrices : l’apprentissage est-il inhérent à la lecture ou aux personnage en eux-mêmes ? Cette double dimension à la fois esthétique (linguistique et narrative) et idéologique (sociale, historique, éducative et genrée) sera au cœur de l’interrogation sur un possible motif littéraire de la jeune lectrice dans les fictions à destination de la jeunesse.

Un prochain numéro de la revue Cahiers Robinson, prévu pour le premier semestre 2022, cherche à approfondir ces pistes. Les articles attendus seront d’une longueur d’environ 30.000 signes et rédigés en français – des citations en langues étrangères pouvant bien entendu être intégrées.

Les propositions pourront explorer, sans s’y limiter, les axes suivants :

Réalité, fiction, illusion

  • Aventures merveilleuses.
  • Rêves et promesses d’avenir.
  • Ambivalence, illusions.

Lecture, insertion sociale et éducation

  • Isolement, discrimination, reconnaissance.
  • Apprentissage et enseignement de/par la lecture.
  • Phénomènes d’identification et de rejet.

Du texte à l’image animée

  • Enjeux narratifs, esthétiques et pédagogiques de l’adaptation.
  • Transformations par l’adaptation cinématographique et télévisuelle.
  • Mise en scène et représentation des lectrices et de leur savoir.

Contexte historique et culturel

  • Rôle pédagogique et médiatique des collections et des éditions.
  • Variations entre l’album et le roman.
  • Évolution, conservation ou renouvellement.

*

Soumission des propositions

Les propositions d’articles (300 mots) seront accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique et envoyées avant le 31 août 2020 à bretonjustine@outlook.fr

Toute demande éventuelle peut également être transmise à cette adresse.

*

Calendrier prévisionnel

-31 août 2020 : Réception des propositions

-15 septembre 2020 : Information aux auteurs des propositions sélectionnées

-15 janvier 2021 : Réception des articles (30.000 signes)

-30 juin 2021 : Réception des versions finales des articles

-Début 2022 : Publication du numéro dans les Cahiers Robinson

*

Bibliographie indicative

Amossy, Ruth, Les Idées reçues. Sémiologie du stéréotype, Paris, Nathan, « Le texte à l’œuvre », 1991

Greimas et Courtès, Sémiotique, Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, article « Motif », Paris, Hachette, 1969.

Herschberg-Pierrot, Anne, « Problématique du cliché. Sur Flaubert », Poétique, 43, 1980, p. 334-345.

Oberhuber, Andrea, « Cervelines ou Princesses de science ? Les entraves du savoir des jeunes héroïnes dans le roman de la Belle Époque », Romantisme, 2014/3 (n° 165), p. 55-64.

Panofsky, Erwin, Essais d’iconologie : thèmes humanistes dans l’art de la Renaissance (Studies in iconology, 1939), traduit de l’anglais par C. Herbette et B. Teyssèdre, Paris, Gallimard, 1967.

———, L’Œuvre d’art et ses significations (Meaning in the Visual Arts, 1955), traduit de l’anglais par Marthe et Bernard Teyssèdre, Paris, Gallimard, 1969.

Prince, Nathalie, La Littérature de jeunesse. Pour une théorie littéraire (2e édition), Paris, Armand Colin, 2015.

Alcott, Louisa May, Les Quatre Filles du Docteur March (Little Women) [1868]

Austen, Jane, L’Abbaye de Northanger (Northanger Abbey) [1817]

———, Raison et sentiments (Sense and Sensibility) [1811]

Bottero, Pierre, La Quête d’Ewilan [2003]

Browne, Anthony, Le Tunnel (The Tunnel) [1985]

Brontë, Charlotte, Le Professeur (The Professor) [1857]

Burnett, Frances Hodgson, La Petite Princesse (A Little Princess) [1905]

Dahl, Roald, Matilda [1988]

Delahaye, Gilbert et Marlier, Marcel, Martine [1954-2014]

Groening, Matt, Les Simpson (The Simpsons) [depuis 1989]

Ingalls Wilder, Laura, La Petite Maison dans la prairie (Little HouseBooks) [1932-1943]

Malot, Hector, En famille [1893]

Montgomery, Lucy Maud, Anne… la maison aux pignons verts (Anne of Green Gables) [1908]

Rowling, J.K., Harry Potter [1997-2007]

Rauzier-Fontayne, Lucie, La Maison du chèvrefeuille [1957]

Ségur, Comtesse de, François le bossu [1864]

Trilby, T., Moineau la petite libraire [1982]

Quelle der Beschreibung: Information des Anbieters

Forschungsgebiete

Kinder- und Jugendliteratur, Stoffe, Motive, Thematologie
Lesen

Links

Ansprechpartner

Datum der Veröffentlichung: 05.06.2020
Letzte Änderung: 05.06.2020